et l’Allemagne d’une muraille élevée ; entre les deux, on ne mettait qu’une haie facile à franchir et percée même de brèches en maint endroit. L’article 4 de la convention était significatif : il permettait, au cas où l’un des contractans viendrait à accorder des abaissemens de tarifs à une nation étrangère, de relever vis-à-vis de lui l’échelle du droit intérieur sur les mêmes objets.
Fait étrange quand on le rapproche des tendances actuelles d’une partie de l’Allemagne, et particulièrement de la Prusse, celles-ci étaient alors libérales ! Le mouvement libre-échangiste allemand des années 1850 et 1860 n’est pas, comme on pourrait être tenté de le croire, sorti des universités, où des hommes tels que Roscher, Knies, Rau, Hermann ne se posaient pas en adversaires systématiques des droits protecteurs ; il n’émanait pas non plus des grands industriels, comme en Angleterre, où Cobden voulait faciliter l’exportation des produits fabriqués, qui ne redoutaient pas la concurrence étrangère, et procurer en retour la nourriture à bon marché à l’ouvrier. L’Allemagne exportait alors des céréales et voulait en échange ces objets fabriqués ! C’était l’agriculteur qui était libre-échangiste : ce fut le congrès des propriétaires allemands qui prit la tête du mouvement. Dans d’autres cercles, l’idée qui dominait était celle de la liberté de l’industrie plutôt crue celle de la liberté des échanges, à laquelle on l’associait ; mais elle menait, par une autre voie, à des conclusions identiques. Sous l’influence de ces dispositions, d’importans événemens économiques s’accomplissent : de 1862 à 1865, l’Allemagne entre dans le système des traités de commerce de l’Europe centrale et occidentale ; réforme le tarif général de l’union ; conclut une série de traités avec la Turquie et les États extra-européens. Le Zollverein allemand se dégage de l’union étroite avec l’Autriche où il se maintenait jusque-là et entre hardiment dans la voie du libre-échange indépendant, s’exposant à la concurrence des pays voisins, mais ouvrant en même temps chez eux un débouché à son industrie et à son agriculture.
Le 29 mars 1862, la Prusse signe avec la France le traité de commerce, qui consacrait son affranchissement économique de l’influence autrichienne : l’acte comprenait des arrangemens douaniers, à savoir le traité de commerce proprement dit et une entente au sujet du trafic international des chemins de fer, un traité de navigation et un traité de protection de la propriété littéraire et artistique. Les principes qui avaient servi de base étaient le