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statistiques de l’importation et de l’exportation relatives au commerce spécial, on doit prendre garde que l’extension, opérée le 15 octobre 1888, du territoire douanier a eu pour résultat, toutes choses égales d’ailleurs, de faire apparaître des chiffres plus forts pour l’importation, et moindres pour l’exportation, puisque ce qui s’importe sur les territoires annexés figure désormais dans les relevés, tandis que ce qui s’exporte du reste du pays vers ces mêmes territoires disparaît des tableaux d’exportation.

De toute façon, le développement du commerce extérieur a été considérable. L’importation des matières premières a passé de 2 076 millions en 1881 à 3 010 millions en 1896 ; leur exportation a décru de 938 à 827millions. En revanche, l’exportation des objets fabriqués a passé de 2 205 à 2 439 millions de marcs ; l’importation n’en a augmenté que de 70 millions. Ces chiffres mettent en lumière le développement de l’industrie allemande, parallèlement auquel a marché la consommation indigène : la situation de chacun s’est améliorée. Les marchandises importées qui représentent le plus grand bénéfice pour la nation sont celles qui servent à l’industrie indigène et n’ont pas leur similaire dans le pays : la presque totalité en arrive d’outre-mer et de ceux des pays européens (Angleterre, Scandinavie, États riverains de la Mer-Noire, Italie, Espagne, Portugal) avec lesquels le commerce se fait surtout par mer. L’importation directe des pays d’outre-mer des marchandises suivantes dépassé à elle seule la moitié du chiffre de l’importation totale en Allemagne : coton, jute, indigo, noix de palme, cuivre, tabac en feuilles, nitrate du Chili, café, riz, pétrole, laine, peaux, maïs, saindoux, viande. Ce sont là en majorité des matières premières, nécessaires à l’industrie ou même à l’agriculture, comme le nitrate. Les denrées qui font concurrence aux produits allemands, par exemple les seigles, orges, avoines, fromens, s’importent surtout par voie de terre, venant d’Autriche, des Balkans, de Russie. L’importation par voie de mer a augmenté de 103 pour 100 depuis quinze ans pour les pays d’outre-mer ; de 90 pour 100 pour les pays européens ; tandis que par voie de terre elle n’a augmenté que de 5 pour 100.

Nous empruntons ces chiffres au mémoire que l’office impérial de la marine avait fait dresser pour appuyer sa demande d’un septennat naval devant le Parlement. Désireux d’appliquer un vaste programme de construction de vaisseaux de guerre,