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parens ce que ceux-ci ont fait pour eux. Mais c’est rare, et il n’y faut guère compter. C’est ce que la France a de mieux à, faire pour s’épargner tout mécompte dans l’avenir.

Pour le moment, loin de prévoir une diminution prochaine des charges militaires spéciales aux colonies, il faut s’attendre à un accroissement immédiat. Le projet ministériel annonce comme inévitable une augmentation de dépenses d’au moins 6 millions. Cette évaluation est très modérée ; car, outre les primes à donner aux hommes de la disponibilité coloniale, il faut pourvoir, rien que pour les troupes d’infanterie de marine et sans parler de la légion étrangère, à une augmentation d’effectif à l’intérieur d’environ 3 500 hommes. D’un autre côté, le rapporteur du budget de la Marine fait prévoir des dépenses supplémentaires d’une certaine importance, motivées par le nombre sans cesse croissant des primes d’engagement et de rengagement.

Il ne faut donc pas se dissimuler que le budget de l’armée coloniale constituée conformément au projet ministériel ou à tout autre projet en différant peu, atteindra et même dépassera 80 millions. Ce chiffre est élevé. Le système que nous avons exposé présenterait, croyons-nous, cet avantage non seulement de ne pas motiver de charges nouvelles, mais même de réaliser une économie appréciable sur celles existantes. Le mode de recrutement que nous proposons, en interdisant les engagemens volontaires moins dispendieux que les rengagemens, nécessiterait un crédit plus élevé, il est vrai, mais cette augmentation serait plus que compensée par l’économie résultant de la suppression de deux états-majors de régiment et des cadres en hommes de troupe de 88 compagnies, ainsi que d’une réduction d’effectif d’environ 5 000 hommes. Cette réduction, par rapport au projet ministériel, atteint presque 9 000 hommes.

Et justement une disposition à laquelle nous avons fait allusion ci-dessus et que renferme une proposition de loi déposée par M. Brincard permettrait d’obtenir une réduction notable de ces dépenses, tout en garantissant l’armée coloniale contre le danger éventuel d’un recrutement insuffisant. A l’expiration de leur première année de service, un certain nombre de jeunes gens justifiant d’une instruction suffisante seraient assimilés aux hommes de la deuxième portion du contingent et autorisés à rentrer dans leurs foyers, sous la condition de présenter un militaire venant