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cadre, pour les besoins de la relève, environ 100 officiers de tout grade, lesquels seront employés au ministère, dans l’état-major particulier de l’arme ou envoyés en congé à leur retour d’un séjour colonial, s’ils le désirent.

Que deviendront ces dépôts en cas de guerre continentale ? On admet généralement que, du jour où la guerre est déclarée, toute communication entre les colonies et la métropole cesse d’être possible. On doit laisser aux premières le soin de suffire à leur propre défense et de se tirer d’affaire. Ce n’est pas d’une exactitude absolue. Une escadre peut facilement prendre à bord deux ou trois milliers d’hommes et, tout en manœuvrant, trouver l’occasion de les jeter sur quelqu’une de nos possessions particulièrement visée par l’ennemi. En tout cas, et quel qu’en doive être l’emploi, ces dépôts peuvent, à un moment donné, fournir un supplément de forces très appréciable. Grâce à la très grande quantité d’officiers et, de sujets aptes à former des cadres qu’ils contiennent, chacun d’eux pourra facilement donner par le dédoublement un régiment à quatre bataillons. On aura ainsi trois brigades d’une qualité hors ligne, puisque les réservistes eux-mêmes appelés dans les rangs compteront tous au moins deux rengagemens. En y joignant la brigade formée par les deux régimens étrangers coloniaux, on obtiendra, sans qu’il ait été nécessaire de l’entretenir en temps de paix, un corps d’armée supplémentaire qui pourra être envoyé à la frontière, au cas où il ne serait pas utilisé pour la défense des colonies.

En ce qui concerne l’artillerie, nous nous bornerons à dire qu’elle pourrait être réduite à un seul régiment, au lieu des deux qu’elle possède actuellement. Ce régiment fournirait aux colonies, comme aujourd’hui, un certain nombre de batteries à pied et de montagne, ainsi que des compagnies de conducteurs, et conserverait à sa partie centrale, en France, le personnel nécessaire aux batteries qui devraient entrer dans la composition du corps d’armée expéditionnaire. Le recrutement de ce régiment serait analogue à celui des corps d’infanterie.

Il est question d’appeler les contingens de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane[1] à concourir au recrutement des troupes coloniales. La mesure peut être bonne ; elle permettra, à un moment donné, de porter au pied de guerre et

  1. La question a déjà été réglée pour la Réunion par une loi récente.