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à la pension de retraite proportionnelle. En cas d’insuffisance, on les compléterait avec le nombre voulu d’anciens militaires récemment libérés du service dans l’armée métropolitaine et dont le départ pour la partie active des corps serait ajourné. Par mesure d’économie, un assez grand nombre de ces hommes choisis parmi les plus anciens pourrait être envoyé et maintenu en congé avec une solde spéciale.

L’effectif normal de chacun de ces dépôts serait, cadres et officiers compris, d’environ 1 400 hommes, soit pour les six dépôts 8 400 hommes, chiffre inférieur de 5 000 aux prévisions budgétaires et de près de 9 000 à l’effectif demandé par le projet de loi ministériel. En cas d’expédition, ces six dépôts donneraient 6 bataillons de 1 000 hommes chacun. On y joindrait 3 500 hommes fournis par les deux régimens étrangers appartenant à l’armée coloniale et résidant en Algérie. En y ajoutant l’artillerie et les services accessoires, on aurait un corps d’armée expéditionnaire d’environ 10 000 hommes, tous dans la force de l’âge et déjà entraînés. Il nous semble indispensable, en effet, de prendre pour les régimens étrangers coloniaux une mesure analogue à celle que nous estimons devoir être prise pour les régimens nationaux coloniaux et de poser en principe qu’il n’y sera pas reçu d’engagés ayant moins de vingt-cinq ans révolus. Ce serait nous mettre à l’abri du reproche, en apparence assez mérité, d’envoyer à une mort presque certaine de tout jeunes gens nés sur un territoire qui appartenait hier encore à la France et qui, plutôt que de porter un uniforme détesté, préfèrent s’expatrier et s’engager dans la légion.

À ces 10 000 hommes on pourrait ajouter, en cas de nécessité, deux ou trois bataillons d’infanterie légère d’Afrique et autant de tirailleurs algériens, prêtés par le ministre de la Guerre. On aurait ainsi un corps d’armée de 15 000 hommes suffisant pour parer à toutes les éventualités. Mais s’il paraît possible de n’entretenir dans les dépôts qu’un effectif restreint en simples soldats et même en sous-officiers, — car avec un pareil nombre de vieux soldats, les vacances de gradés qui se produiraient aux colonies pourraient facilement être remplies sur place, — il n’en est pas de même en ce qui concerne les officiers. Sans entrer dans un examen détaillé de la question qui nous entraînerait un peu loin, qu’il nous suffise de dire qu’à chacun de ces six dépôts, en sus des cadres normaux des deux bataillons, devront être rattachés, hors