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particulièrement malsaine du climat. Admettons, ce qui semble au reste assez rationnel, que, sauf pour ces deux dernières colonies, la période réglementaire soit uniformément ramenée à trois ans, la durée des rengagemens de ces anciens militaires au titre colonial étant généralement de trois années, on voit qu’ils accompliront à peu près la totalité de leur rengagement aux colonies, sauf le cas de retour anticipé pour raison de santé.. L’effectif des bataillons de dépôt pourrait donc être excessivement restreint, s’il n’y avait l’obligation de prévoir l’organisation éventuelle d’un corps d’armée expéditionnaire. Pour satisfaire à cette obligation, le projet de loi du gouvernement propose de créer dans les troupes de l’armée coloniale une nouvelle situation militaire qu’il appelle « disponibilité coloniale ». Cette disponibilité est la situation d’un homme qui, libéré du service actif dans l’armée de terre ou dans l’armée de mer, s’engage volontairement, moyennant une prime, à rester pendant un certain temps à la disposition de l’autorité militaire en cas d’expédition d’outre-mer. On admet que le nombre des hommes dans cette situation particulière devra s’élever à six mille environ.

Il est malaisé de prévoir si ce nouveau mode de recrutement sera couronné de succès. En tout cas, il ne donnera jamais que des élémens d’une valeur médiocre ; car, si le militaire en congé se sent encore étroitement lié à son régiment, l’homme en disponibilité ne se considère plus guère comme appartenant à l’armée ; il se marie, s’établit. La prime reçue ne modifiera pas cette disposition d’esprit et, s’il lui faut quitter son ménage et son établissement pour aller faire campagne dans les forêts de l’Oubanghi ou sur les bords du Mékong, on peut tenir pour certain qu’oubliant la somme reçue et d’ailleurs déjà loin, il partira de mauvaise grâce et sans le moindre entrain.

Le système que nous proposons permettant de n’entretenir à l’intérieur que des effectifs restreints, il serait possible, tout en restant dans des conditions budgétaires plutôt inférieures aux prévisions actuelles, d’avoir en tout temps dans chaque dépôt d’infanterie un millier d’hommes immédiatement disponibles pour une expédition. Cette réserve se composerait de rengagés pour cinq ans, rentrés en France après un séjour colonial et devant encore deux années à l’Etat, et d’hommes ayant, à la suite de leur premier rengagement de trois ans accompli aux colonies, contracté un second rengagement de même durée pour acquérir des droits