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Ainsi que nous l’avons dit, les cadres sont français, à l’exception de 8 sergens, 18 caporaux, 1 caporal fourrier et 2 clairons par compagnie, lesquels sont indigènes[1]. Ces différens corps donnent un total de 119 compagnies, dont l’effectif est de 27 604 hommes. Cet effectif se décompose ainsi : 2 257 hommes, dont 450 officiers et 1 807 hommes de troupes, représentant la partie française des cadres ; et 25 347 indigènes. L’organisation actuelle de ces troupes est bonne ; il n’y a rien à y modifier. Ces soldats, d’une race autre que la nôtre, se plient volontiers aux règles de la discipline et semblent suffisamment dévoués au drapeau sous lequel on les admet à l’honneur de servir. Plus tard, lorsque l’œuvre de la pacification sera complète sur toute l’étendue de notre empire colonial, il sera possible de donner plus d’extension à cette armée indigène et de diminuer on proportion les troupes métropolitaines. Toutefois, il est une limite qu’on ne saurait dépasser sans danger ; on ne doit pas perdre de vue que le soldat de la veille, soumis et discipliné, peut, rentré dans ses foyers, devenir l’ennemi de demain et se servir contre nous de l’instruction que nous lui avons donnée.

A côté de ces troupes locales, nous entretenons dans nos possessions d’outre-mer un certain nombre de corps de troupes, infanterie et artillerie, formés d’élémens exclusivement français, auxquels depuis quelques années on a adjoint plusieurs bataillons de la légion étrangère. Jusqu’ici, ce rôle a été dévolu aux troupes de la marine, lesquelles y ont fait preuve d’une endurance, d’un dévouement, d’une abnégation qu’on ne saurait trop admirer.

Voici quels sont le nombre et la répartition de ces corps de troupes : un régiment en Cochinchine ; deux régimens en Annam et au Tonkin ; un régiment à la Nouvelle-Calédonie ; un régiment à Madagascar. Ces cinq régimens sont à 3 bataillons de 4 compagnies chacun, sauf celui de la Nouvelle-Calédonie qui ne compte que 2 bataillons à 3 compagnies. Nous avons en outre : un bataillon de 3 compagnies à la Martinique, un autre de composition semblable à la Réunion, un bataillon à 4 compagnies à la Guyane et un autre pareil au Sénégal, enfin une compagnie à la Guadeloupe et une à Taïti. Il faut y ajouter 5 bataillons à quatre compagnies de la légion étrangère, dont 4 en Annam et au Tonkin et 1 en Cochinchine, plus une compagnie de discipline à la

  1. Au Sénégal et au Soudan, on compte un sous-lieutenant indigène par compagnie.