les attaques de tribus voisines insoumises ; d’autre part, de fournir les forces nécessaires à la constitution d’un corps d’armée expéditionnaire, si des circonstances imprévues rendent cette formation indispensable.
En effet, toute pensée de conquêtes nouvelles écartée, il serait imprudent de ne pas se mettre en garde contre des éventualités qui peuvent se produire et nous obliger à porter sur un point quelconque du globe, pour y défendre nos droits, des troupes en plus ou moins grande quantité. Notre communauté de frontières en Indo-Chine, au Congo, au Soudan avec des nations européennes, jalouses de l’extension de notre influence, ou avec des peuplades turbulentes, nous fait un devoir d’être toujours prêts. Nous aurons donc des troupes formant la garnison permanente des colonies et une réserve appelée à être mobilisée éventuellement.
Le nombre et l’effectif des premières varient suivant l’étendue de chaque colonie, suivant surtout que la pacification est plus ou moins complète. Elles comprennent des troupes métropolitaines et des troupes indigènes. On a très heureusement tiré parti des indigènes dans presque toutes nos possessions, en les armant, en les instruisant, et en en formant des bataillons ou des régimens encadrés avec des élémens français. Qui ne se souvient des petits tirailleurs annamites qui, en 1889, gardaient les bâtimens de l’exposition de l’Indo-Chine, avec leur tournure dégagée, leur costume bleu à bandes et à revers écarlates, leur visage jaune coupé par la ligne oblique des yeux, leur coiffure laquée posée sur leur chignon de femme ? La Cochinchine possède un régiment à trois bataillons de ces petits soldats. L’Annam et le Tonkin comptent trois régimens de tirailleurs tonkinois donnant un total de cinquante-deux compagnies. Nous entretenons au Sénégal un régiment de tirailleurs sénégalais, et un bataillon de ces mêmes tirailleurs au Congo. Au Soudan, nous trouvons un régiment de tirailleurs soudanais à quatre bataillons. A Madagascar, c’est d’une part un régiment de tirailleurs malgaches à trois bataillons, de l’autre un régiment de Haoussas emprunté à nos possessions africaines et ne comptant pas moins de quatorze compagnies, sans parler d’une compagnie de dépôt qui suffit à garder le Dahomey. Enfin, pour compléter cette énumération, mentionnons l’unique compagnie de cipayes qui forme la garnison de Pondichéry, cet infime débris de l’immense empire des Indes que Dupleix voulait donner à la France.