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LES
LUTTES ENTRE L’ÉGLISE ET L’ÉTAT
AU XIXe SIÈCLE

III[1]
LA RESTAURATION


I

Le plus grand mal des expériences qui déçoivent les aspirations des peuples vers un avenir meilleur n’est pas l’insuccès, mais la blessure faite aux volontés par l’échec. Les vaincus perdent avec l’espoir la constance ; leurs fautes les découragent de leurs idées ; des générations, pour jamais lassées de leur premier élan, tombent sur la route où il faudrait poursuivre, et c’est pourquoi la marche de l’humanité progresse si lentement.

Après la Révolution et l’Empire, toute confiance dans les gouvernemens nouveaux avait disparu. Sur ce peuple, naguère si amoureux d’inconnu, un vieux régime put se rétablir au nom de cette antiquité même, et pour promesse s’appeler la Restauration. Semblable à l’enfant prodigue, la raison humaine, après avoir dissipé ses ressources dans, l’éclat des espérances et le désenchantement des revers, revenait à la sagesse du passé comme à la demeure paternelle. Si, de cette demeure, une partie était

  1. Voyez la Revue du 15 août et du 15 novembre 1897.