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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars.


La date des élections générales est définitivement fixée au 8 mai. À vrai dire, le gouvernement n’a pas eu le choix : cette date s’imposait à lui. Il ne pouvait pas en adopter une plus éloignée, puisque les pouvoirs de la Chambre expirent le 31 mai, et que les élections de ballottage auront lieu le 22 ; il ne pouvait pas non plus en adopter une plus rapprochée, puisque, à l’heure où nous écrivons, le budget n’est pas encore voté. La longue histoire de ce budget témoigne de la patience de la majorité à l’égard de toutes les fantaisies de la minorité. Combien différente a été la discussion du budget sous le cabinet radical de M. Bourgeois ! On en était alors, il est vrai, à la lune de miel de ce cabinet, et ses adversaires du lendemain s’appliquaient avec une surprenante bienveillance à lui faciliter les premiers pas. Le budget a été voté en quelques semaines. Les radicaux et les socialistes, une fois revenus à l’opposition, se sont bien gardés de suivre cet exemple, et de traiter M. Méline comme les modérés avaient traité M. Bourgeois. Aussi le budget de l’année courante est-il toujours à l’état d’espérance, et il aura fallu quatre douzièmes provisoires avant qu’il soit voté. Quatre douzièmes ! Cela ne s’était pas encore vu. Et la législature qui s’achève aura duré six mois de plus que les précédentes ! Autrefois, les élections avaient lieu en août ou en septembre, et le budget était voté à cette date ; cette fois, il ne l’est pas encore à la fin de mars. Il faut souhaiter que la Chambre prochaine ne suive pas, à ce point de vue, comme d’ailleurs à plusieurs autres, les exemples de celle-ci. Tous les partis, en désaccord sur tant d’autres points, s’entendent sur un seul, à savoir que la méthode de travail de la Chambre des députés est foncièrement défectueuse, et que la première occupation de la Chambre future devra être de la changer. L’utilité de cette réforme a paru si évidente qu’on n’a pas craint de l’opposer et de la préférer à la révision de la Constitution. Les radicaux et les socialistes demandent celle-ci ; les modérés leur répondent en proposant celle-là. Sans la révision de