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comment, enfin, elle s’est étendue aux manifestations de l’électricité et du magnétisme. C’est ce que nous ne ferons pas ici, et cela pour deux raisons. La première c’est que cette théorie cinétique qui vient à peine d’arriver à son complet épanouissement montre déjà des signes de décadence et de ruine. Les théoriciens de la physique mettent en doute la réalité de l’éther, agent nécessaire de la propagation de l’énergie rayonnante : ils nient que l’électricité soit un mouvement ou même que la chaleur et la lumière soient aussi des mouvemens. Sur les ruines de ces doctrines qui avaient si fortement imprégné l’esprit contemporain qu’elles font en quelque sorte partie de la mentalité ambiante, ils dédaignent de rien édifier. A des générations élevées dans l’admiration et le respect des efforts de génie qu’à coûtés la création de ces systèmes, ils proposent le mépris pour toutes les images, pour tous les symboles ou les représentations matérielles de la vérité scientifique. Ils nous offrent, pour expliquer le monde phénoménal, des systèmes de trois ou de six équations différentielles qui, eux, ne contiennent plus d’hypothèses. Que l’avenir leur donne ou non raison, il ne nous appartient pas d’en préjuger.

Mais la plus forte raison qui nous détourne d’une tâche, sans doute au-dessus de nos forces, c’est qu’elle est indifférente à notre but. Nous nous proposons simplement de montrer dans la suite de cette étude comment la considération de l’énergie et de son seul principe fondamental, celui de conservation, a transformé le point de vue de la physiologie sur trois questions principales, à savoir la conception des phénomènes vitaux dans leur rapport avec les phénomènes généraux de la nature : la théorie de l’alimentation, et enfin l’origine de la force musculaire.


A. DASTRE.