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sont transportées exclusivement par terre, parce que, de Saint-Etienne à Marseille, elles ne paient au chemin de fer que 3 centimes, comme les marchandises transportées par eau, sans avoir à supporter, comme celles-ci, deux transbordemens qui ne reviennent pas à moins de 1 fr. 50 et qui entraînent un déchet de 5 à 10 pour 100. Les principaux élémens du fret sont, à la montée, les grains de Russie et d’Amérique, les phosphates, les vins et les grains d’Algérie ; à la descente, les chaux, les cimens, les papiers. Une partie de ces marchandises circule entre le Rhône et la mer par le canal de Beaucaire à Cette.

Autrefois la navigation fluviale s’arrêtait à Arles. C’est dans ce port que les marchandises étaient transbordées des bateaux du Rhône sur les navires de mer et vice versa. Aujourd’hui c’est à Port-Saint-Louis que s’opère le transbordement. De cette façon, les navires de mer ne sont plus limités dans leur tonnage et leur tirant d’eau par les hauts-fonds du bas Rhône. Ces hauts-fonds ne sont pas une gêne pour les bateaux qui circulent entre Lyon et Saint-Louis, car leur tirant d’eau n’est pas inférieur à celui des hauts-fonds du Rhône supérieur. Depuis l’exécution des derniers travaux en rivière, les bateaux trouvent sur leur parcours un mouillage de 1m, 60 pendant 345 jours de l’année, et de 2 mètres pendant 290 jours. Les chômages ont été notablement réduits par les travaux d’approfondissement du Rhône. On peut espérer que la continuation de ces travaux arrivera à les supprimer complètement.

Le port Saint-Louis-du-Rhône est situé à 41 kilomètres en aval d’Arles et à 7 kilomètres en amont de l’embouchure. Il comprend un bassin de 12 hectares de superficie, une écluse au Rhône de 160 mètres de longueur sur 22 mètres de largeur et 7m, 50 de tirant d’eau et un canal communiquant du bassin à la mer de 3 300 mètres de longueur, 6m, 50 de profondeur et 30 mètres de largeur au plafond. Les travaux ont été exécutés aux frais de l’État de 1865 à 1875. Ils ont coûté près de 20 millions.

La création du Port-Saint-Louis n’a pas justifié toutes les espérances qu’elle avait fait concevoir. Cela tient en premier lieu à ce qu’il ne peut y avoir de port actif que là où il existe des armateurs et des maisons de commerce. Il n’en existe pas à Saint-Louis. L’isolement et l’aspect désolé de ce pays où les efflorescences salines empêchent toute végétation arborescente ne sont pas faits pour les attirer. La compagnie propriétaire des terrains n’a exécuté aucun des travaux préparatoires de l’établissement