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REVUE LITTÉRAIRE

CLASSIQUE OU ROMANTIQUE ?

I. L’Elégie en France avant le Romantisme, 1778-1820, par M. Henri Potez, 1 vol. in-18 ; Paris. 1898, Calmann Lévy. — II. La Fin du classicisme et le retour à l’antique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et les premières années du XIXe, en France, par M. Louis Bertrand, 1 vol. in-18 ; Paris, 1897, Hachette. — III. La Poésie d’André Chénier, par M. Jules Haraszti (traduit du hongrois par l’auteur), 1 vol. in-18 ; Paris, 1892, Hachette. — IV. Poésies d’André Chénier, publiées avec une introduction nouvelle de L. Becq de Fouquières, 1 vol. in-4o : Paris, 1888, Charpentier.

Deux livres récens : l’un, de M. Louis Bertrand, sur la Fin du classicisme et le retour à l’antique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, — ce titre est vraiment un peu long, quoique d’ailleurs incomplet, — et l’autre de M. Henri Potez, sur l’Elégie en France depuis Parny jusqu’à Lamartine, viennent de rouvrir ce que l’on pourrait appeler le procès littéraire d’André Chénier. On sait qu’il n’y a pas de poète sur lequel, depuis tantôt cent ans, on ait exprimé plus d’opinions contraires ; et la signification de son œuvre est encore assez incertaine. Faut-il voir en lui « le dernier des classiques » ou le « premier des romantiques » ? C’est pour la seconde opinion que tenaient Sainte-Beuve et Théodore de Banville. Becq de Fouquières hésitait. M. Anatole France, — que je m’étonne, en passant, que ni M. Henri Potez, ni M. Louis Bertrand n’aient cru devoir citer, — ne reconnaît en lui qu’un « contemporain de Suard et de Morellet », qui non plus qu’eux n’a soupçonné « ni le spiritualisme, ni la mélancolie de René, ni l’ennui d’Oberman, ni les ardeurs romanesques de Corinne ». Tel est également l’avis d’un écrivain hongrois, M. Jules Haraszti, dont la critique, à la vérité, manque