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APRÈS LE PROCÈS






Ai-je besoin de rappeler les faits, et la mémoire n’en est-elle pas encore trop présente ? Il s’agissait de savoir si le premier venu, sans preuves ni commencemens de preuves, a le droit d’insulter grossièrement la justice, et en même temps l’armée, dans la personne de ceux qui la dirigent, et qui ne sont pas toute l’armée, mais qui en sont la principale partie, puisqu’ils en sont l’élément permanent. Cependant, sur cette question si simple, — simple à poser, non moins simple à résoudre, — l’opinion a semblé se partager en deux. Pourquoi cela ? Comment cela ? C’est ce que je voudrais examiner. Ou plutôt, si d’elle-même, l’agitation a peut-être assez clairement manifesté les principales de ses causes, ce sont ces causes dont je voudrais essayer de préciser la nature. Qu’est-ce donc que l’antisémitisme ? Que faut-il penser d’une incompatibilité qu’on a dénoncée publiquement, du haut de la tribune, entre les conditions d’existence des armées et les exigences des démocraties ? Et comment tant d’intellectuels, ainsi qu’ils s’intitulent, se sont-ils trouvés, dans toute cette affaire, du côté qu’il n’eût pas fallu ?

Je parlerai dans une autre occasion, s’il y a lieu, du rôle de la presse, et de celui des politiciens.

i. — l’antisémitisme

Il faut avoir le courage de le dire : si l’antisémitisme, qui n’était peut-être à ses débuts qu’un paradoxe de presse et de conversation, semble être devenu, depuis quelques années, une sorte de danger public, nous en sommes tous plus ou moins responsables ; — et