Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 146.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ALEXANDRE DUMAS FILS

I
SES ORIGINES ET SES DÉBUTS


I

L’enfant qui fut inscrit, le 27 juillet 1824, sur les registres de l’état civil, sous le simple prénom d’Alexandre, comme fils de Marie-Catherine Lebay, couturière, et de père inconnu, n’avait pas, malgré la modeste condition sociale de son seul ascendant dénommé, une origine ordinaire. Son arrière-grand-père s’était appelé le marquis Antoine-Alexandre Davy de la Pailleterie, colonel et commissaire général d’artillerie, ami du duc de Richelieu ; son arrière-grand’mère se nommait Cossette Dumas, et c’était une petite négresse, esclave dans une plantation de Saint-Domingue. Le marquis, au moment où il quitta l’Europe pour s’établir « aux Iles », l’avait connue, aimée et installée dans sa maison, les uns disent comme épouse, les autres disent comme maîtresse, très probablement avec un titre mixte et indéterminé, qui la constituait à la fois épouse, maîtresse et surtout servante du brillant gentilhomme.

De cette union d’un des représentans de l’aristocratie française du XVIIIe siècle et d’une pauvre fille noire, venue d’on ne sait quelle peuplade de la mystérieuse Afrique, vendue comme une tête de bétail sur les marchés des colonies, il ne pouvait guère sortir qu’un