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expériences ont prouvé en effet que toute lésion qui altère cet organe amène un trouble immédiat dans la faculté d’orientation du patient.

Les canaux semi-circulaires des vertébrés sont constitués par trois petites anses membraneuses remplies d’un liquide nommé endolymphe. Ces trois appareils semi-circulaires sont indépendans les uns des autres, sauf en un point où leur cavité est commune et où ils débouchent dans un petit sac appelé utricule. Ils sont situés en général dans trois plans perpendiculaires.

Après les remarquables expériences de Flourens en 1824 et les autopsies de Ménière, leur fonctionnement a été étudié par Czermak, Harless, Brown-Sequard, Vulpian, Bœtticher, Goltz, Cyon, Crum-Brown, Brewer, Mach, Exner, Bazinsky, Munck, Steiner, Kwald, Kreidl, Pierre Bonnier. On sait aujourd’hui que leur fonction est directement en rapport avec l’exercice de l’équilibration et tout à fait indépendante de l’audition. M. P. Bonnier, après avoir étudié dans toute la série animale le rôle des organes qui précèdent les formations labyrinthiques et ces dernières elles-mêmes, en combinant les données de l’anatomie et de la physiologie comparées et les contrôlant par la clinique, a pu démontrer que ces organes desservaient directement ce qu’il appelle le sens des altitudes qui fournit les images de position, de distribution, et par suite de mouvement et de déplacement dans l’espace[1].

On ne sait pas encore d’une façon bien précise quel est l’excitant physiologique qui actionne les canaux semi-circulaires. En attendant que de nouvelles recherches aient permis de fixer ce point intéressant, nous allons essayer de déterminer le mode de fonctionnement du sens de direction. Cette manière de procéder n’a d’ailleurs rien d’illogique : dans les sciences naturelles comme dans les autres, la connaissance des effets précède généralement celle des causes.

L’animal engagé sur un terrain inconnu prend au retour le contre-pied du chemin plus ou moins sinueux suivi à l’aller ; arrivé dans la zone connue, il se dirige sur son but par la ligne droite.

Le pigeon messager mis en liberté à S00 kilomètres de son colombier longe pour le retour la voie ferrée qui l’a amené ; il est

  1. Nous ne pouvons que renvoyer nos lecteurs aux recherches de M. Bonnier sur l’Oreille (collection Léauté), et à une communication récente à la Société de Biologie sur le Sens de l’Orientation (11 décembre 1897).