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dans certaines directions qui lui sont utiles. Origine des espèces, trad. Barbier, 1876. P. 31.


Bien que les différences individuelles offrent peu d’intérêt aux naturalistes classificateurs, je considère qu’elles ont la plus haute importance en ce qu’elles constituent les premiers degrés vers ces variétés si légères qu’on croit devoir à peine les mentionner. Ibid. P. 57.


J’ai donné au principe en vertu duquel, une variation, si insignifiante qu’elle soit, se conserve et se perpétue, si elle est utile, le nom de sélection naturelle pour indiquer les rapports de cette sélection avec celle que l’homme peut accomplir. Ibid. P. 61.


L’homme ne peut ni produire ni empêcher les variations ; il ne peut que conserver et accumuler celles qui se présentent. Ibid. P. 83.


La seule durée du temps ne peut rien par elle-même ni pour ni contre la sélection naturelle. J’énonce cette règle parce qu’on a soutenu à tort que j’accordais à l’élément du temps un rôle prépondérant... comme si toutes les formes de la vie devaient nécessairement subir ses modifications en vertu de quelques lois innées. Ibid. P. H3.


Toutes ces considérations me font pencher à attribuer moins de poids à l’action directe des conditions ambiantes qu’à une tendance à la variation dont nous ignorons absolument les causes. Ibid. P. 147.


La sélection naturelle, il ne faut jamais l’oublier, ne peut agir qu’en se servant de l’individu et pour son avantage. Ibid. P. 161.


Ces citations peuvent suffire. La « sélection naturelle », voilà la découverte ou l’invention de Darwin. Les rapports ou l’analogie de ce principe avec cette « sélection que l’homme peut accomplir », c’est tout ce que le mot veut dire. Et l’apparition d’un individu qui, si peu que ce soit, diffère du type commun de son espèce, telle est la condition de toute évolution. « L’homme ne peut ni produire ni empêcher les variations, » voilà le fondement de la doctrine. L’apparition de ces variations est l’œuvre d’une « tendance dont nous ignorons absolument les causes » ; et d’autre part, si l’on voit « à de longs intervalles » surgir des « déviations de conformation assez prononcées pour mériter le nom de Monstruosités », qui n’avouera que, pour l’historien de la littérature et de l’art, c’est ici non seulement le talent ou le génie rétablis dans leurs droits, mais encore, et avec eux, l’individualité, l’originalité, l’excentricité mêmes ? Ajoutez qu’aujourd’hui même, étant donné les deux moyens de la sélection, — qui sont l’accumulation des variations lentes et la fixation des variations