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prévalut. Condé et ses enfans, qui l’avaient combat lue de toute leur énergie, informèrent aussitôt le Roi du parti qu’ils prenaient de quitter momentanément la France. Voyant avec désespoir, lui dirent-ils, qu’ils ne pouvaient désormais servir à l’intérieur du royaume la cause de la monarchie, ils allaient tenter au dehors une action plus efficace. Louis XVI ne les dissuada pas de cette résolution ; il reçut leurs adieux, qui furent tristes et touchans.

Le lendemain 17, à quatre heures du matin, les Condé et leur suite, les hommes « à cheval et armés jusqu’aux dents », la princesse Louise et ses femmes dans une calèche découverte, partirent ensemble de Versailles, et parvinrent sans encombre, vers le milieu du jour, au château de Chantilly. La population du village les attendait avec impatience ; les cours étaient pleines de gens effarés, anxieux du sort de leurs bienfaiteurs, dont ils saluèrent le retour de leurs acclamations. Mais cette joie fut de courte durée ; la nouvelle du dessein arrêté la changea promptement en tristesse. Les préparatifs s’effectuèrent avec célérité ; trois voitures de voyage furent ordonnées en hâte, puis un dîner improvisé réunit une dernière fois, autour du prince et de ses enfans, tous les familiers du château. Le repas fut court, morne, silencieux ; de sombres pressentimens oppressaient tous les cœurs ; une angoisse indicible étouffait toutes les voix. Le dîner à peine achevé, le prince se leva, et donna le signal du départ. Ce fut, dit d’Espinchal, un émouvant spectacle, de voir le chef de l’illustre maison de Condé, le visage résolu sous ses cheveux grisonnans, le corps droit dans sa « redingote bleue » d’une coupe militaire, emmenant toute sa famille, abandonnant froidement sa magnifique demeure, « laissant dans les larmes tous ses bons serviteurs désolés de ne pouvoir le suivre », et, de tout le luxe auquel il disait adieu, n’emportant que son épée, comme le seul bien au monde dont il ne pût se séparer. Le prince monta dans la première voiture avec son fils et son petit-fils, les ducs de Bourbon et d’Enghien ; dans la seconde étaient les gentilshommes de sa suite. La princesse Louise prit place dans la troisième berline. Elle y fit asseoir auprès d’elle Mme de Monaco : l’antipathie de nature et les préventions légitimes disparurent, en cette circonstance, devant l’imminence du danger et la communauté du dévoûment.

Le triste cortège courut toute la nuit sans arrêt. Dans la matinée