des saisons, de l’état de l’air : aujourd’hui, on travaille à la température que l’on veut, à des pressions qui vont jusqu’à 150 atmosphères dans les autoclaves, appareils clos où les réactions chimiques se font sous pression. Cette méthode, d’une importance capitale, a été appliquée pour la première fois, en France, dans les établissemens Poirrier à Saint-Denis.
On sait que l’industrie moderne est arrivée à dégager de la houille et du goudron les couleurs, les parfums, la saccharine, les explosifs les plus puissans, les fébrifuges tels que l’antipyrine. On peut dire que chaque jour elle y trouve de nouveaux corps. Et telle est la perfection de ses procédés qu’elle ne redoute plus la publicité que leur donne, d’après la loi allemande, la prise de ses brevets. « Le vrai secret de fabrication, disait dans une communication faite à la Société de chimie M. Caro, l’un des chimistes éminens de l’Allemagne contemporaine, consiste dans une pratique scientifique, dans une communication constante entre la fabrique et le laboratoire de recherches, une division rationnelle du travail, une collaboration harmonieuse entre tous, du plus haut jusqu’au plus bas degré de l’échelle. »
La seule énumération des substances aujourd’hui extraites de la houille constituerait la table des matières d’un cours de chimie ; et cependant une invention succède à l’autre ; jamais le pays ne s’arrête en se bornant à exploiter des découvertes antérieures. Les chimistes n’ont plus à se préoccuper comme autrefois de la construction du matériel nécessaire à leurs travaux ; pour exploiter industriellement les produits qu’ils créent dans leurs laboratoires, l’outillage le plus perfectionné est à leur disposition. Les filtres-presses géans ont remplacé les filtres primitifs. Des appareils à colonne fractionnent les corps par distillation (invention du Français Coupier) ; les corps difficilement volatilisables sont distillés dans le vide. La vapeur à haute pression, surchauffée, la glace, l’air froid, des chambres de chauffage et de dessiccation sont constamment sous la main des opérateurs. Plus d’une fabrication n’a pu réussir que parce que précisément elle était pourvue des moyens d’action les plus complets. Deux ordres de chimistes concourent à obtenir ces résultats, ceux qui travaillent dans le laboratoire et ceux qui sont attachés à l’exploitation.
Essayons-de pénétrer dans l’un des vastes établissemens où s’obtiennent ces résultats et d’en comprendre l’organisation. Quatre divisions principales se remarquent dans l’usine. Trois