Et sans doute, d’autre part, le dénouement est plausible : nous admettons que Dominique, après avoir consenti à sa destinée avec un désespoir qui demeure clairvoyant, recule, elle qui lui en a pardonné tant d’autres, devant le dernier mensonge de François, ce mensonge-là étant particulièrement odieux dans l’instant où il se produit. Mais le dénouement contraire serait également vraisemblable : on concevrait que Dominique s’abandonnât quand même à la fatalité de son désir : nous l’avons vue, durant trois actes entiers, si mal défendue par sa haine du mensonge et par sa connaissance de ce qui l’attend ! Et, dès lors, un inconvénient du dénouement adopté par l’auteur, c’est qu’il nous permet de pressentir que la scène qu’il nous a déjà développée trois ou quatre fois pourra fort bien se renouveler dans huit jours ; de sorte qu’aux recommencemens dont nous avons été témoins s’ajoutent, dans notre esprit, les recommencemens que nous prévoyons, et que le tout nous donne l’impression de quelque chose d’interminable...
Une autre cause du médiocre succès de la pièce (mais ceci n’en diminue pas le mérite), c’est que le public ingénu ne sait à qui s’y attacher, et qu’elle est beaucoup plus intéressante par la force et la subtilité d’esprit de M. de Porto-Riche que par les personnages eux-mêmes.
La petite amie de Dominique Brienne, Antoinette Bellangé, — qui a d’ailleurs son utilité, puisque, étant la maîtresse de François au début du drame, elle sème au cœur de Dominique le petit ferment de jalousie et peut-être de curiosité qui réveillera le désir de la malheureuse, — est un joli type de perruche amorale. Les trois familiers de Mme Brienne, Bracony, Mariette et Béhopé, chargés par l’auteur d’être sans interruption ridicules et spirituels, nous amusent, jusqu’à ce qu’ils nous exaspèrent. Et je néglige le terne Maurice Arnaud. Mais François Prieur est par trop nul. Nullité nécessaire, je l’avoue, si la puissance de séduction de l’ « homme à femmes » est en effet un « mystère ». Mais nullité périlleuse, s’il est vrai que, au théâtre, l’homme à femmes déplaît aux hommes en les humiliant de ses victoires, et aux femmes en leur dévoilant le néant de ce qui les affole. — Et peut-être aussi que M. de Porto-Riche, nous l’ayant déjà présenté trois fois, c’est-à-dire dans toutes ses pièces sans exception, avait épuisé ses observations sur ce fat sempiternel et s’est rendu compte qu’il n’avait plus rien à nous en apprendre. J’ai peur que le Passé ne souffre du souvenir des autres comédies de M. de Porto-Riche. On se dit que c’est toujours la même lutte entre l’homme infidèle et menteur, amant ou mari, et la femme sincère et envoûtée, épouse ou maîtresse. On est accablé de