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fut bousculé et entraîné dans la déroute jusque sur la chaussée de Bruxelles. En se rabattant par leur droite vers Gémioncourt, les lanciers de Piré culbutèrent encore un bataillon de milice et prirent huit canons.

L’action s’engageait aussi très vivement au sud du bois de Bossu. A 3 heures, la division du prince Jérôme avait débouché de Frasnes, et Ney l’avait aussitôt portée contre la ferme de Pierrepont, tandis que la brigade Gauthiez rejoignait le général Foy. Délogé de Pierrepont, l’ennemi se replia dans le bois, où les tirailleurs pénétrèrent à sa suite. Ils y avancèrent très lentement, car, outre que ce bois était bien défendu, le taillis en était si serré et si touffu qu’il fallait, dans certains fourrés, se frayer passage à coups de sabre.

À ce moment du combat, un peu avant 4 heures, le maréchal reçut la lettre de Soult, de 2 heures, lui prescrivant de pousser vigoureusement l’ennemi et de se rabattre sur le corps prussien en position à Brye de façon à l’envelopper. Désormais éclairé sur les projets de l’Empereur et sur l’importance de l’occupation des Quatre-Bras, Ney prescrivit un mouvement général en avant. Bachelu se porta de Piraumont vers l’aile gauche ennemie, Foy marcha des fonds de Gémioncourt vers les Quatre-Bras, une colonne sur la route, une autre à la droite de la route ; Jérôme jeta la brigade Soye dans le bois de Bossu et s’avança avec la brigade Bauduin entre la route et le bois, à la rencontre du corps de Brunswick, nouveau renfort arrivé à Wellington avec la brigade de Nassau, du général de Krüse. Sous cette attaque d’ensemble très vivement menée, les alliés plièrent à leur droite et au centre. La brigade Soye s’empara de presque tout le bois de Bossu et en rejeta les défenseurs sur Houtain le Val, sauf un bataillon qui se maintint à l’extrémité nord, près des Quatre-Bras. La division Foy et la brigade Bauduin, qui marchait à la gauche de celle-ci, refoulèrent les bataillons noirs de Brunswick. Une charge de la cavalerie brunswickoise, conduite par le duc en personne, se brisa sur les baïonnettes du 1er léger. Frédéric-Guillaume reçut une balle en plein ventre ; transporté dans une maison des Quatre-Bras, il y mourut le soir. Son père avait été blessé mortellement à Auerstaëdt. Honneur à eux !

A la droite, la colonne de Bachelu avait traversé le petit vallon qui sépare les hauteurs de Gémioncourt de celles que couronne la route de Namur ; elle gravissait cette pente, lorsqu’elle