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bataillons décimés et les précipite de nouveau contre l’ennemi. Lui-même les conduit, l’épée à la main. Il tombe blessé à mort, mais il voit ses soldats rejeter pour la seconde fois les Prussiens hors de la Haie, sur la rive gauche du ruisseau.

Le mouvement de flanc tenté par Jagow et Tippelskirch réussit moins encore que la contre-attaque de Pirch II. La division Habert et la cavalerie de Domon, que Vandamme avait jusqu’alors tenues en réserve, s’étaient déployées face à Wagnelée avec deux bataillons en tirailleurs dans les champs de blé. La tête de colonne de Tippelskirch, avançant en ordre de marche, sans s’éclairer, fut surprise par la fusillade très nourrie et bien ajustée qui partit des blés. Elle se replia en désordre, jetant la confusion parmi les bataillons qu’elle précédait et où se trouvaient beaucoup de recrues. Sans hésiter, Habert fit charger à la baïonnette ces troupes désunies et les refoula dans Wagnelée. Disséminée maladroitement et intimidée par les évolutions des chasseurs à cheval du général Domon, la cavalerie de Jürgass ne prit pour ainsi dire point part à l’action.

Pendant ces combats, Blücher était descendu du moulin de Winter pour diriger lui-même la suite de la manœuvre dont il se promettait un si beau résultat. Il arriva à petite portée de canon de la Haie, juste au moment où la division Pirch II en était chassée par l’effort mortel de l’intrépide Girard. Sans même laisser aux hommes le temps de reprendre haleine, Blücher ordonne à Pirch II de les ramener au feu et de réoccuper la Haie coûte que coûte. Ranimés par la présence du vieux Vorwärts, les soldats poussent des hourrahs ! franchissent le ruisseau et pénètrent dans la Haie, baïonnettes en avant. La division Girard, réduite de 5 000 à 2 500 hommes, son chef blessé à mort, ses deux brigadiers hors de combat (c’est le colonel Matis, du 82e de ligne, qui a pris le commandement), résiste désespérément. Forcée de céder au nombre, elle se retire de maison en maison, de verger en verger, de haie en haie jusqu’au Hameau où elle se masse et attend l’ennemi. Les Prussiens vont lui laisser quelque répit, car les Français ont rejeté Tippelskirch dans Wagnelée, ils tiennent ferme à Saint-Amand, et ils occupent la moitié de Ligny. Blücher doit relever à Saint-Amand la division Steinmetz qui a perdu la moitié de son effectif, envoyer des renforts à Henckel dans Ligny, donner le temps à Tippelskirch de se rallier dans Wagnelée, et en vue de la nouvelle manœuvre