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LE RÈGNE DE L'ARGENT

LA SPÉCULATION ET L’AGIOTAGE. — REMÈDES ET RÉFORMES[1]


I

Refréner les abus de la spéculation ou de l’agiotage, arracher les hommes du monde et les hommes du peuple aux séductions du jeu, écarter de la Bourse tout ce qui n’est pas hommes d’affaires, ce serait une œuvre éminemment patriotique, une œuvre de salut social. Avons-nous quelque souci du relèvement moral de la France, nous y devons tous travailler ; mais comment y parvenir ? par quelles voies et par quels procédés ? Avec quels instrumens et quels concours ? Où chercher le médecin et à qui demander le remède ? A l’initiative privée ou à l’Etat ? A la presse, au Parlement, à la police, à la magistrature, au fisc, à la loi, à la religion ? Regardons autour de nous, parmi les puissances anciennes ou récentes ; laquelle, en dehors de la religion qui offre, vainement, son concours au siècle, laquelle a la volonté assez ferme, ou les mains assez pures, pour entreprendre pareille guérison ? Peut-on faire appel à la puissance qui se vante de représenter l’opinion et de diriger le monde moderne, à la presse ? Certes, elle pourrait beaucoup pour panser ou pour prévenir

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1897.