ennemie, il venait demander des ordres à l’Empereur. Celui-ci monta aussitôt à cheval, voulant se rendre compte par lui-même. Il était près de 3 heures, les dragons avaient fini de déboucher, et l’avant-garde de Vandamme entrait dans Charleroi.
Le général Pirch II avait établi sa division en arrière de Gilly, le front couvert par le ruisseau boueux du Grand-Trieux. Quatre bataillons et une batterie occupaient les pentes des hauteurs boisées qui dominent le vallon depuis l’abbaye de Soleillemont jusqu’à Chatelineau ; trois autres bataillons se tenaient en réserve près de Lambusart ; un régiment de dragons observait la Sambre, de Chatelet à Farciennes. Trompé par l’extension de cette ligne de bataille, extension qui avait précisément pour but d’imposer aux Français, Grouchy évaluait les forces de l’ennemi à une vingtaine de mille hommes. L’Empereur jugea au premier coup d’œil qu’il y en avait tout au plus dix mille. Il arrêta avec Grouchy, investi verbalement du commandement de l’aile droite, les dispositions d’attaque. Une des divisions de Vandamme, secondée par la cavalerie de Pajol, assaillirait l’ennemi de front, tandis que Grouchy l’aborderait de flanc, en passant à gué le ruisseau, près du moulin Delhatte, avec les dragons d’Exelmans. On poursuivrait alors les Prussiens jusqu’à Sombreffe où l’on prendrait position.
Ces ordres donnés, l’Empereur regagna Charleroi afin d’activer la marche du corps de Vandamme. Il eût mieux valu qu’il restât à Gilly. En son absence, Vandamme et Grouchy mirent deux heures à combiner leur attaque. Vers 5 heures et demie, l’Empereur, surpris de ne point entendre le canon, revint sur le terrain ; il enjoignit à Vandamme de donner tête baissée contre l’ennemi.
Après une courte canonnade qui éteignit le feu des pièces de Pirch II, trois colonnes, de deux bataillons chacune, s’élancèrent, baïonnettes croisées. Les Prussiens, postés en première ligne, n’attendirent pas le choc. Sur l’ordre de Ziéten, Pirch les mit incontinent en retraite. Irrité de voir ces bataillons se retirer sans pertes, l’Empereur ordonne à l’un de ses aides de camp, le général Letort, « de charger, d’écraser l’infanterie prussienne » avec ses escadrons de service. Letort ne prend pas le temps de réunir les quatre escadrons. Il part avec les seuls dragons ; les autres suivront quand ils seront prêts ! Il franchit le ruisseau au nord de la route, dans la partie la moins encaissée du ravin, retraverse la route devant les colonnes de Vandamme et fond sur les Prussiens près de Sart-Allet. Deux des quatre bataillons