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publiés sur les quelques questions qui font l’objet de ses études, lui est-il possible de se tenir également au courant de toute la production avoisinante ? « Le problème bibliographique, dit un jeune et remarquable bibliographe autrichien, M. Carl Junker, devient de jour en jour plus grave et, dès aujourd’hui, peut être appelé pour tout écrivain une calamité. » Il n’intéresse pas seulement les écrivains, les érudits, les savans, les littérateurs, mais, d’une manière beaucoup plus pressante, les ingénieurs et les industriels.

C’est un point de vue que M. le général Sebert développe avec force : « Plus que personne, les ingénieurs chargés de la direction des établissemens et des usines, et, en général, tout le personnel technique des sociétés industrielles ont intérêt à être renseignés sans retard, et le plus exactement possible, sur tous les faits qui se produisent et qui se rattachent, à un titre quelconque, au progrès et au développement des industries qui les occupent. Il s’agit, en effet, pour ces industries, de suivre la marche rapide du progrès pour éviter d’être distancées et de voir le courant commercial se déplacer en les quittant. Car celui-ci ne tarde pas à s’écarter des établissemens qui restent stationnaires, entraînant parfois, pour de nombreuses populations ouvrières ou pour des régions entières, des perturbations économiques profondes.

« Dans l’industrie, en effet, il n’est pas permis, sous peine de ruine fatale, de rester confiné dans d’anciens procédés et dans d’anciennes méthodes. Il faut être à l’affût de toutes les nouveautés, de tous les perfectionnemens ainsi que de tous les progrès de la science, pour en faire l’application rapide afin d’affronter chaque jour la concurrence incessante. Les industriels en sont d’ailleurs si bien convaincus qu’un grand nombre d’entre eux font des efforts individuels considérables pour se tenir au courant des progrès faits à côté d’eux et pour être renseignés sur toutes les nouveautés scientifiques qui peuvent intéresser, à un degré quelconque, les branches d’industrie qui les concernent. Et c’est ainsi que ce serait un grand service à leur rendre que de mettre à leur disposition un système d’informations bibliographiques universel, qui leur permettrait d’obtenir, sans autant de travail personnel, ni de perte de temps, les renseignemens qu’ils réussissent souvent aujourd’hui à se procurer, mais à quelle peine et à quel prix ! »