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pu la terminer. Et, une fois de plus, on doit admirer ce XVIIe siècle qui, dans toutes les branches de l’intelligence humaine, nous a donné des maîtres, jusque dans l’érudition avec du Cange et Mabillon, et jusque dans la bibliographie que l’on croit généralement une science toute moderne.

À la même époque Francesco Marucelli (1625-1703) essayait d’établir, dans les quinze volumes de son Mare magnum, un inventaire de tous les écrits connus de son temps, et Savonarole publiait les quarante volumes de son Orbis litterarius, tentant de réunir les notices de tous les livres imprimés jusqu’en 1700. À côté de ces entreprises bibliographiques colossales, les bibliographies et catalogues spéciaux se multipliaient à tel point que, dès 1686, Teisser publiait un catalogue des catalogues. Ces catalogues des catalogues, ou bibliographies des bibliographies, se sont à leur tour multipliés. On en arrivera à faire une bibliographie des bibliographies des bibliographies. Le catalogue des bibliographies publiées jusqu’à ce jour formerait deux gros volumes ; il compterait plus de 25 000 numéros. La réunion de ces bibliographies elles-mêmes formerait une grande bibliothèque où l’on ne pourrait guider ses recherches que grâce à un ordre minutieux et à un catalogue bien tenu. Le seul Catalogue des bibliographies géologiques rédigé par M. Emm. de Margerie contient 3 918 numéros. M. Paul Otlet, secrétaire général de l’Office international de Bibliographie de Bruxelles, cite un de ses amis qui possède une collection de 3 000 notices bibliographiques relatives à une seule maladie de l’œil : la conjonctivite.

Tout en travaillant à ces bibliographies générales ou spéciales, les esprits désireux de faciliter par leurs efforts les efforts des autres cherchaient le moyen de grouper, de classer les connaissances humaines et les écrits s’y rapportant. Le classement des livres dans les bibliothèques et des notices dans les répertoires, dans les catalogues, est une question de la plus grande importance, car la plupart des livres ne sont pas conservés et catalogués pour eux-mêmes, mais pour ce qu’ils contiennent, et il est essentiel de pouvoir fournir, d’une manière rapide et complète, à ceux qui travaillent, ce qu’ils cherchent dans tel ou tel ordre d’idées, et non seulement les livres, brochures et articles dont ils connaissent d’une manière précise l’existence, mais encore, mais surtout, ceux qu’ils ignorent et qui pourraient leur être du plus grand secours. La recherche du meilleur classement méthodique possible