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à l’affranchissement de la Grèce. Plus tard, l’expédition d’Alger, effectuée rapidement et sans encombre, nous permit d’ignorer officiellement le mécontentement des plus vifs qu’en éprouva le cabinet britannique. Les Mémoires du baron d’Haussez, ministre de la marine dans le cabinet du prince de Polignac, retracent d’une façon piquante l’étonnement et la colère que l’annonce de l’envoi de notre flotte causa à l’ambassadeur d’Angleterre.

Ces succès étaient dus à la diplomatie de la Restauration qui se montra, dans ces circonstances, habile et énergique. Mais elle n’aurait pu amener ces résultats considérables, qui permettaient d’en présager d’autres plus importans encore, si la campagne d’Espagne n’avait pas rendu une armée à la France et vaincu, au moins pour un temps, les oppositions coalisées contre la monarchie. On aurait aimé à retrouver, après la chute de M. de Villèle, le nom de Chateaubriand associé au cabinet du nouveau règne. Mais les préventions royales demeurèrent les mêmes et ses amis arrivés au pouvoir ne purent lui offrir que le brillant exil d’une ambassade. Il l’accepta ; mais il méritait davantage ; car, si la brochure de Bonaparte et les Bourbons avait, en 1814, suivant l’expression même de Louis XVIII, valu une armée à la monarchie, le nom de Chateaubriand, en 1829, apparaissait à toute la génération nouvelle comme un gage d’alliance entre le passé et le présent de la France. Il aurait pu, si on avait su l’utiliser, assurer, pour un temps du moins, le repos de son avenir.


Marquis de Gabriac.