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parler du précieux volume que M. Louis Bourdery, l’habile émailleur, et M. Emile Lachenaud, le collectionneur émérite, ont écrit sur l’œuvre de Léonard Limosin[1], peintre, graveur, géomètre, miniaturiste et émailleur, qui personnifie, à lui seul, l’école de Limoges ; qui a porté l’art de l’émail peint à son apogée, après avoir créé le genre. Les dates extrêmes qui se lisent sur ses portraits sont celles de 1535 et de 1574. Pendant ce long espace de temps, les principaux personnages de la Cour des Valois virent leurs effigies inaltérablement fixées par Limosin. Ce volume, le plus complet et le mieux renseigné qui existe sur Léonard Limosin, est illustré de reproductions en phototypie et de dessins gravés : armoiries, emblèmes, culs-de-lampe, motifs de décor, du plus heureux choix ; l’exécution typographique en est de tous points parfaite.

Si l’on a beaucoup écrit sur l’histoire, la technique et l’ornementation du livre, on ne s’est guère occupé de sa décoration extérieure, du goût et de l’ingéniosité que les illustrateurs, décorateurs, ornemanistes apportent dans les divers modes d’habillage du livre contemporain, des innombrables manières dont ils comprennent cette parure apparente d’un volume de luxe, cette parure que recherchent les amateurs d’éditions rares ou de reliures coûteuses ; on ne s’est point inquiété de tout ce qui a trait aux conditions essentielles de sa beauté extérieure. Il appartenait à M. Octave Uzanne, maître-expert en ces curieuses recherches de bibliophile, de combler cette lacune en montrant, à l’aide de nombreux modèles, pris parmi les volumes nouveaux les plus riches ou les plus rares, quelle dépense d’invention a été faite, depuis quelques années, pour donner au revêtement du livre une apparence somptueuse, originale et en rapport étroit avec son caractère[2]. En examinant toutes ces magnifiques gravures hors texte, on jugera de toute l’érudition qui était nécessaire et de l’importance des recherches qu’il a fallu faire pour composer ce brillant recueil.

Parmi les œuvres d’imagination qui sont le plus habilement illustrées, mettons au premier rang la nouvelle édition des Contes de Perrault[3]. C’est certainement l’une des plus charmantes et des plus originales qui aient jamais paru de ces Contes, — bien vieux sans doute, puisque d’aucuns leur assignent une origine aryenne, — où l’on retrouve un reflet de la pensée de l’humanité primitive, et qui se sont

  1. Léonard Limosin, par MM. L. Bourdery et E. Lachenaud, 1 vol. in-8o illustré ; May.
  2. L’Art dans la Décoration extérieure des Livres de ce temps, par M. Octave Uzanne, 1 vol. in-8o, avec illustrations en phototypie ; May.
  3. Les Contes de Perrault, 1 vol. in-4o avec fac-similé d’aquarelles et dessins ; H. Laurens.