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chaland coûtait moins cher que le navire, qu’il était plus approprié au régime du fleuve ; et les intermédiaires, que leurs soins étaient payés au plus bas prix. Ce qu’il y a de particulier, c’est que tous les argumens contre la montée des navires au delà de Rouen étaient ceux que les Havrais, il n’y a pas bien longtemps, émettaient pour empêcher l’amélioration de la basse-Seine. Pour eux aussi, la batellerie faisait les transports à très bon marché ; l’intermédiaire du Havre ne prenait qu’une somme modique ; et ce port était le vrai port de Rouen. Cette querelle de deux villes rivales s’est apaisée pour un moment devant le danger commun, suivant elles, de voir Paris devenir un port véritable. Dans les deux villes on déclare que leur commerce sera frappé de mort ; et, avec une absence curieuse de logique, certaines pétitions ajoutent que cette création est inutile et qu’aucun navire n’ira à Paris.

Une entente parfaite n’existe donc pas entre tous les adversaires du projet nouveau, car il en est qui prédisent la ruine de tous les ports de la Manche, les bénéfices des Parisiens devant être scandaleux, et un inspecteur général des Ponts et Chaussées termine son rapport sur cette question en disant : « que le gouvernement doit prendre des précautions contre cette pléthore de richesse dévolue par lui à une société. »

Nous ne pouvons suivre en détail des critiques qui s’appliquent, non, en réalité, à un projet déterminé, mais à tout projet facilitant l’arrivée des navires à Paris. Celui qui est soumis au parlement a été examiné au microscope ; on s’est inquiété aussi bien des passeurs de bacs que de la pisciculture de la Seine ; de l’abaissement des eaux dans quelques puits ; et de ce qui pourrait bien arriver si une société concessionnaire suspendait ses travaux. A l’heure actuelle, tout a été dit, dans cent brochures auxquelles cent réponses ont été faites ; il ne reste plus qu’à attendre un vote du parlement, en désirant qu’il ait lieu le plus tôt possible.


VII

Terminons cette étude en disant quelques mots de ce qui se passe à l’étranger. Les congrès de navigation nous ont fait connaître la situation des derniers travaux maritimes, et, chose à noter, les ingénieurs français qui s’y sont rendus votaient toujours avec les étrangers, lorsqu’il s’agissait de la pénétration des navires dans l’intérieur des terres. A Paris, dans une réunion