« La distance à vol d’oiseau de Poissy à Rouen n’étant que de 90 kilomètres, l’ennemi ne pourrait s’établir sur aucun point intermédiaire pour interrompre les communications entre la capitale et la mer, sans avoir affaire, quarante-huit heures après, aux troupes mobiles de l’une ou l’autre des forteresses.
« Il ne pourrait pas non plus prendre possession du Havre, protégé par des batteries de côtes et par l’artillerie navale.
« Le ravitaillement de Paris par la Seine continuerait donc pendant le blocus, aussi longtemps que Rouen resterait au pouvoir des Français. »
Tel est le jugement, ajoute le colonel Hennebert, porté par notre illustre correspondant, et ce jugement nous paraît sans appel possible.
Les avantages de cette création étant bien avérés, reste à savoir comment on pourra les obtenir, quels devront être les profils et le tracé du canal maritime. Dans ces questions, la science doit laisser le pas à l’expérience, qui n’est en somme que de la science concrète ; et surtout au bon sens qui seul nous préserve de solutions utopistes.
Faire, en amont de Rouen, un canal plus profond qu’on aval rentre dans cette catégorie de conceptions ; ce port admet tous les jours des navires d’un tirant d’eau de 5m,90 ; la profondeur du canal (en ajoutant 30 centimètres pour le pied de pilote) sera donc de 6m,20. Si l’on objecte que dans les syzygies les navires d’un tirant d’eau de 7 mètres peuvent à la rigueur venir à Rouen, on répondra que la dépense d’un approfondissement correspondant ne serait pas rémunérée par le profit que l’on en retirerait.
Ce qui s’est fait à l’étranger permet de donner une solution satisfaisante à la question de la largeur du canal.
A Suez, des milliers de navires ont transité k travers l’isthme, lorsque le canal n’avait qu’une largeur de 22 mètres au plafond. Ce chiffre a été adopté pour le canal de Corinthe, tandis que l’on a pris 30 mètres pour le canal de Manchester, qui doit recevoir les grands cotonniers de l’Amérique. Le canal de Kiel a,