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Le mouvement purement maritime de Paris, — celui qui vient du bas du fleuve par chalands ou par petits navires, — s’élève actuellement à 1 200 000 tonnes, chiffre infime par rapport à sa population et à ses milliers d’industries. Si l’on admet qu’il puisse se quadrupler, et que le tiers des navires appartienne au cabotage, cela ferait entrer dans les caisses du trésor une somme dépassant de 14 millions celle qu’il encaisse à Rouen pour un mouvement annuel de 1 800 000 tonnes. Les droits de douane sont, en effet, en moyenne de 16 francs par 1 000 kilogrammes importés par des navires au long cours.

Quelle que soit la diminution que fera subir à ce chiffre de 14 millions la restitution aux frontières des droits d’entrée, le reliquat restera considérable. L’ouverture du canal à la navigation amènera la construction d’usines de toute nature ; le prix des terrains augmentera, non seulement sur les bords du canal, mais dans toute la banlieue nord de Paris, produisant un accroissement dans les sommes perçues pour transmissions d’immeubles, hypothèques, enregistrement, que l’on ne peut évaluer annuellement à moins de 1 et demi pour 100 du capital représenté par ces terrains et ces usines. Une autre source de revenus proviendra de la perception des impôts indirects sur les nouvelles affaires commerciales.

D’un autre côté, l’État verra diminuer les subventions qu’il paie aux compagnies de chemins de fer, car toutes les lignes aboutissant à Paris, y compris celle de l’Ouest, verront leur trafic s’augmenter. Enfin, le trésor bénéficiera d’une somme annuelle de 478 000 francs, appliquée à l’entretien du fleuve, des ouvrages d’art, et au traitement des ingénieurs et des agens du service de la navigation de la Seine. Si l’on fait le total de tous ces chiffres et si on le multiplie par la durée d’une concession donnée à une société (99 ans), on arrive à un nombre de milliards plus grand que celui que nous avons payé à l’Allemagne en 1871.

A côté de ces avantages permanens, il en est d’accidentels ; ce sont, non des bénéfices directs, mais des pertes évitées lors des fléaux qui périodiquement, mais à des intervalles dont notre science actuelle ne permet pas d’entrevoir la durée, viennent détruire les récoltes et détériorer les immeubles construits dans toutes les parties basses de la vallée de la Seine.

Le fleuve n’est plus celui du temps de l’empereur Julien, et, sans remonter bien loin, on se souvient des désastres causés par