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qui en sont la conséquence font prévoir ceux que créerait un port maritime à Paris.

« D’ailleurs, on connaît l’augmentation de tonnage qui a suivi chaque amélioration de la Seine, et personne ne conteste les avantages considérables qu’offrent les ports intérieurs.

« Par l’importance de ses usines, par sa situation géographique, Paris lutterait avantageusement avec Londres, soit comme entrepôt, soit comme transit. Paris reprendrait la plus grande partie du tonnage à destination des Vosges, de l’Alsace-Lorraine et de la Suisse, enlevé au Havre par Anvers, etc. »

Le rapport concluait à une approbation complète du projet qui lui était soumis, les avantages de l’arrivée des navires à Paris étant incontestables, même s’ils payaient une taxe élevée.

On ne doit pas s’étonner alors si 345 000 électeurs ont appuyé cette création de leurs signatures, et que des négocians, pour répondre à une demande du ministre des travaux publics, aient offert de souscrire le montant des actions nécessaires à cette entreprise.


V

En dehors des bénéfices que retireront les manufacturiers, en recevant directement les matières premières utiles à leurs industries, et les commerçans, en expédiant de Paris les produits fabriqués et en faisant sans intermédiaires toujours onéreux leurs contrats de frets et d’assurances, il en est qui reviendront directement à l’État.

Des spécialistes ont été consultés pour apprécier à quel chiffre pourrait s’élever le tonnage maritime de la grande ville.

Celui qu’ils ont donné est de 5 millions de tonnes, c’est-à-dire un peu inférieur à celui de Marseille. Il est certain qu’il ne serait pas obtenu immédiatement ; l’exemple de ce qui se passe dans les nouveaux ports est là pour le démontrer. Les négocians ont toujours des marchés à terme qu’ils ne sauraient résilier, et avant qu’ils en aient fait d’autres, il s’écoule toujours quelques années. Toutefois, à l’heure actuelle, où certaines villes semblent pousser comme des champignons, le chiffre de 5 millions de tonnes est loin de paraître exagéré. Il reste au-dessous du tiers du tonnage du port de Rotterdam, cette création nouvelle du génie hollandais suscitée par les commerçans allemands.