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Rouen, qui ne seraient pas payés par le navire allant directement à Paris. Dans le cas où il s’agit d’un achat fait à Rouen, l’intermédiaire perçoit, en outre, une commission de 1 à 2 pour 100 de la valeur de la marchandise, ce qui peut élever les frais accessoires jusqu’à 20 francs par tonne[1].

Ce qui rend enfin l’emploi du navire moins dispendieux encore, lorsqu’il s’agit de le faire arriver à Paris, c’est qu’il y trouvera un fret de retour plus facilement qu’à Rouen. Ce dernier point n’est pas contestable ; il est affirmé par tous les commissionnaires.

A Rouen, le coefficient de sortie des marchandises embarquées sur les navires est de 32 pour 100. Il est de 63 pour 100 à Bordeaux, et de 61 pour 100 à Marseille. Un calcul assez simple montre que, toutes choses égales d’ailleurs, le prix du fret à Rouen doit être de 22 pour 100 plus élevé que dans nos deux autres grands ports. Or, à Paris, on se trouvera dans des conditions au moins égales à celles de Marseille ; le nombre des usines y est plus grand, la population agglomérée six fois plus nombreuse, et l’on y trouve un fret de sortie, le plâtre, dont l’exportation peut être considérable.

Il existe enfin, à Paris et dans nombre de villes de l’est de la France, des commissionnaires qui font le groupement des colis pour les ports de la mer du Nord, notamment pour Anvers, Rotterdam et Hambourg, et ce fret reviendra à nos navires, lorsque la capitale sera devenue une place maritime importante.

Nous pouvons citer ici un court extrait du remarquable rapport fait par M. Poirrier, sénateur, ancien président de la Chambre de commerce de Paris, au nom de la commission d’enquête du département de la Seine[2].

« La réalisation de Paris port de mer est plus nécessaire que jamais ; l’Angleterre, l’Allemagne, la Russie, ne reculent devant aucun sacrifice pour établir des voies maritimes aussi avancées que possible dans l’intérieur des terres et aboutissant à de grands centres de production et de consommation ; les merveilleux résultats

  1. Rapport de la Commission d’enquête de la Seine.
  2. Cette Commission était composée ainsi qu’il suit : MM. Alphand, inspecteur général des ponts et chaussées, président ; de Bussy, inspecteur général du génie maritime ; Chambrelent et Gauckler, inspecteurs généraux des ponts et chaussées ; Buret, contre-amiral ; Prévet, député ; Ménier, manufacturier ; Boll et Bompard, conseillers municipaux ; Bailly et Lefoullon, conseillers généraux ; Poirrier, sénateur, rapporteur.