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Il n’attaqua ni le devis proprement dit, ni le chiffre des recettes ; mais, s’appuyant sur la nature géologique du sol, indiquée par les forages mêmes du comité, il déclara que le calcaire fendillé, qui allait servir de plafond au canal, ne pourrait en retenir les eaux, et qu’il faudrait le bétonner sur toute sa longueur. Certes, cette objection s’appuie sur un fait incontesté : la craie est fissurée ; mais c’est par ces fissures que sourd l’eau, qui de Paris à Pont-de-l’Arche triple le débit du fleuve ; or, dans un canal bordant la Seine et peu élevé au-dessus de son niveau, puisqu’il la traverse six fois, n’y aurait-il pas équilibre entre la force ascensionnelle des eaux provenant des plateaux supérieurs et le surcroît de hauteur du niveau du canal ?

Il y avait pourtant là un aléa, et comme un bétonnage général du fond du canal eût été très coûteux, et aurait empêché à tout jamais une augmentation de profondeur, l’objection de Frimot empêcha le projet d’aboutir.

Cet ingénieur proposait d’ailleurs d’utiliser le cours même de la Seine, de surélever son niveau au moyen de sept barrages écluses, et de draguer son lit de façon à obtenir partout une profondeur de 5 mètres. Ce contre-projet, entraînant une dépense de 52 millions (dans laquelle les barrages écluses figurent chacun pour 3 millions, et les ponts mobiles pour 400 000 francs), devait forcément faire échec à celui du comité, et ils sombrèrent tous les deux, aux approches des événemens de 1830.

A Frimot on devait prendre ultérieurement son idée maîtresse d’utiliser le cours du fleuve en exhaussant son niveau, et au projet du comité, la nécessité de couper deux boucles du fleuve.

Le devis dressé par les ingénieurs dont nous avons cité les noms restera d’ailleurs indispensable pour établir tout projet sérieusement étudié.


II

Un long laps de temps devait s’écouler avant de voir paraître de nouveaux projets réalisant une amélioration importante de la Seine.

Celui du comité avait fini par aboutir à une demande d’autorisation d’ouvrir à Paris des magasins généraux, lorsque l’attention des ingénieurs, des capitalistes et du public, délaissant les canaux, se porta tout entière sur la création des chemins de fer.