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profondeur où l’on trouve la craie au-dessous des alluvions de gravier ou de tourbe.

Une demande de concession fut présentée par le comité, le 3 mai 1825 ; il disait avoir les fonds nécessaires pour l’exécution des travaux. C’est à ce moment qu’intervint le service de la navigation (25 juin), déclarant qu’il a par devers lui un projet très étudié, et que, par suite, il est inutile d’examiner celui des concessionnaires. Une discussion des plus vives s’éleva entre les ingénieurs de la Seine et le comité, soutenu par un conseil directeur, composé du prince de Polignac, du comte Mollien, du comte Beugnot, du baron de Vitrolles, du baron Charles Dupin et de Berryer. Finalement il fut décidé que le projet du comité serait soumis à l’examen d’une commission composée de Prony, Dutens et Cavenne, qui tous les trois avaient une réputation justement méritée dans le corps des Ponts et Chaussées.

Leur rapport, fait avec une conscience scrupuleuse, témoigne d’une ampleur de vues remarquable. Il se compose de deux parties ; l’une a trait au cours de la Seine en aval de Rouen, l’autre à la portion comprise entre cette ville et Paris. — Comme Rouen peut, à l’heure actuelle, recevoir tous les jours des navires d’un tirant d’eau de 6 mètres et de 7 mètres dans les syzygies, les propositions du comité en ce qui regarde le bas du fleuve n’ont plus qu’un intérêt historique. Il en est autrement en ce qui regarde la partie s’étendant jusqu’à Paris.

Le projet du comité, auquel entre temps s’était rallié M. Bérigny (l’inspecteur général qui avait fait la plus vive des oppositions), consistait à créer un canal longeant le fleuve et passant suivant la hauteur des rives de l’une à l’autre, en amont de barrages. La profondeur, en temps ordinaire, serait de 6 mètres et la largeur au plafond de 18 mètres, ce qui parut aux ingénieurs suffisant pour le croisement de deux navires. Les écluses sont nombreuses, 16 en tout ; elles n’ont qu’une hauteur de 2m,25. Le devis s’élève à 84 millions de francs et comporte un grand bassin creusé dans la plaine de Clichy.

D’après l’avis d’une commission de négocians, le produit de taxes variant suivant la nature des marchandises aurait été de 17 450 000 francs. Le devis n’était pas très élevé ; les bénéfices prévus étaient considérables ; tout semblait donc devoir aboutir, lorsque des critiques nouvelles furent émises par l’ingénieur en chef Frimot.