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PARIS PORT DE MER


I

Parmi les centenaires qui ont été célébrés dans ces dernières années, il en est un que les Parisiens n’auraient pas dû oublier, celui de l’arrivée au milieu d’eux, en 1795, d’un premier navire de mer, le Saumon, commandé par Thibaut, lieutenant de vaisseau, et ayant à son bord Forfait, depuis ministre de la marine, et Sganzin qui a fort honoré le corps des Ponts et Chaussées.

Un millier d’années s’était écoulé depuis que les Normands, remontant le fleuve sur leurs grands bâtimens, avaient cessé de venir piller les environs de la capitale ; la trace de leurs méfaits était effacée, le souvenir ne s’en trouvait plus que dans de vieilles chroniques, et les Parisiens saluèrent avec joie le navire, espoir d’une vie nouvelle.

C’est sur la proposition de Carnot que le Comité de Salut public, par un arrêté en date du 22 vendémiaire an III, décida ce voyage, dont le but était d’étudier le fleuve, et de rechercher les moyens de le rendre praticable aux navires de commerce.

Le Saumon mit onze jours pour aller du Havre à Paris, se servant de ses voiles lorsque le vent était favorable, de haleurs dans le cas contraire, tandis que l’on sondait et que l’on prenait à bord des croquis sur tous les passages difficiles du fleuve. Le rapport, remis au ministre le 9 messidor an IV, conclut en demandant des travaux d’amélioration, dont le coût eût été de 4 600 000 francs ; et la transformation de tous les ponts en ponts-levis.

Certaines parties de ce rapport méritent d’être citées : « Il est hors de doute que, si la Seine appartenait à une nation du Nord, il y a longtemps qu’elle serait fréquentée par des navires d’un port