hausse a pour effet de grossir, à chaque liquidation, les positions à reporter, par suite, de rendre les reports de plus en plus difficiles en les rendant de plus en plus onéreux. La spéculation consent à payer jusqu’à 10 et 12 pour 100 sur des valeurs qui ne rapportent rien, escomptant la prochaine plus-value et la rapide progression des cours. Vient un jour où les capitaux reporteurs, effrayés, se retirent ; les banques, les établissemens de crédit qui font métier d’employer leurs disponibilités à la Bourse n’osent plus prêter sur des titres cotés à des taux démesurément majorés. C’est le signal de la déroute, et, le branle une fois donné, la chute se précipite. L’argent venant à se dérober, les valeurs en vogue vacillent et s’effondrent, comme un échafaudage dont on retirerait soudain les appuis et les supports. Ainsi de la crise des mines d’or, à la fin de 1893. La panique s’en mêle. La spéculation, privée de crédit, est contrainte de jeter sur le marché les titres dont elle est surchargée. Les intermédiaires s’inquiètent ; agens de change et coulissiers, anxieux de voir se dégonfler en leurs mains, comme des ballons crevés, les titres boursouflés achetés dans les hauts cours par leurs cliens, hâtent la crise en exécutant les spéculateurs douteux, c’est-à-dire en liquidant, à tout prix, les opérations des imprudens peu solvables. Ainsi se produisent les « krachs », avec des phénomènes presque toujours les mêmes : révoltes, récriminations, fureurs des joueurs déçus. Il y a, autour de la Bourse, parmi les victimes, des malédictions et des grincemens de dents. Au lieu d’accuser sa témérité, le public de la Bourse préfère s’en prendre à la rigueur des intermédiaires, aux noirs desseins des établissemens de crédit, à l’égoïsme de la haute Banque, coupable de retirer l’argent et de couper les ressources au marché.
À parler franc, il se peut que cette suspension de crédit se fasse parfois d’une manière trop brusque, pour ne pas dire trop brutale. Il se peut même que, après avoir encouragé, par la facilité des reports, les excès de la spéculation à la hausse, certains établissemens ne soient pas fâchés de provoquer la baisse, afin de ramasser, à vil prix, des titres vendus dans les hauts cours. Il n’en reste pas moins vrai que les outrances de la hausse rendent la baisse fatale, une crise étant l’inévitable conséquence des folies de la hausse.
Une erreur du vulgaire est de croire que le public, que l’épargne et la petite spéculation sont les seules victimes des crises de