Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/689

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE DRAMATIQUE

Au Vaudeville : Jalouse, comédie en trois actes, de MM. Alexandre Bisson et Leclercq. — Aux Nouveautés : Petites folles, comédie en trois actes, de M. Alfred Capus. — A la Comédie-Française : Tristan de Léonois, drame en sept tableaux, en vers, de M. Armand Silvestre. — Au Théâtre Antoine : Le Bien d’autrui, comédie en trois actes, de M. Emile Fabre. — Au Gymnase : Médor, comédie en trois actes, de M. Albert Malin.

Les jours ont passé ; et des deux heureuses comédies de MM. Bisson et Leclercq et de M. Alfred Capus, je n’ai retenu que l’impression qu’elles m’ont faite. Cette impression est éminemment agréable. Que voulez-vous de plus ? La valeur des œuvres ne se mesure point à la longueur des commentaires qu’elles inspirent. Et enfin, si je suis bref sur ces deux-là, c’est que je n’ai à en dire que du bien. (Je vous préviens que ceci n’est pas une épigramme.)

Jalouse est une comédie honnête et piquante, et qui, tout en ayant bien l’accent d’aujourd’hui, rappelle les plus aimables pièces de l’ancien « Théâtre de Madame » (je vous préviens que ceci est un éloge). Jalouse fait également songer aux jolies comédies qu’écrivaient, au siècle dernier, les Dufresny, les Boissy et les Fagan. Une idée morale, toute simple, y est développée en une action ingénieuse. Une petite femme, jalouse de son mari jusqu’à la démence, se réfugie en province chez ses dignes parens, qui la guérissent de son vilain défaut par un artifice plein de bonhomie. On reconnaît, dans l’agencement de l’action, l’infaillible et subtile main de l’auteur des Surprises du divorce, comme on reconnaît à chaque instant, dans le dialogue, sa toute cordiale gaîté d’excellent homme. L’observation n’y manque pas : la petite femme est jalouse même pour le compte des autres : ce qui est très bien vu. Et, par surcroît, l’intérieur du vieux ménage provincial est peint, au second acte, de façon vraiment savoureuse.

Très morale aussi et de l’optimisme le plus consolant, la comédie de M. Alfred Capus. Les deux « petites folles » ne le sont que par esprit d’imitation. Elles s’arrêtent bien avant la faute ; et l’une revient à son mari dès qu’elle découvre qu’il est jaloux ; et l’autre, ayant un rendez-vous