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CHATEAUBRIAND
ET
LA GUERRE D’ESPAGNE

II.[1]
CHATEAUBRIAND MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES


IV

Le Congrès de Vérone avait été dissous le 13 décembre 1822. La Russie, l’Autriche et la Prusse (l’Angleterre restant en dehors) ayant envoyé à leurs agens à Madrid des notes séparées, mais qui présageaient leur rappel collectif, c’est à Paris, dans le Conseil du roi Louis XVIII, que devait se décider la question de l’action commune ou séparée de la France en Espagne. Nous ne pouvons mieux faire, pour éclairer nos lecteurs, que de reproduire textuellement la partie des Mémoires de M. de Villèle où il est question de cet incident.


M. de Montmorency, nous dit M. de Villèle, arriva à Paris le 30 novembre, apportant le traité secret par lequel l’Autriche, la Prusse et la Russie s’engageaient à faire cause commune avec la France, dans le cas où celle-ci, se trouvant amenée à faire la guerre à l’Espagne, verrait l’Angleterre s’unir au gouvernement espagnol. Le Roi, voulant lui donner sans retard un témoignage de satisfaction, lui accorda, par ordonnance du 1er décembre, le titre de duc, transmissible à ses descendans en ligne directe. Mais, en même temps qu’il apportait au Roi le traité éventuel qu’il avait obtenu, M. de

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.