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se développe. Tous les départemens, de l’Allier à l’embouchure, donnent du blé, et l’on sait aujourd’hui l’importance d’une réduction des frais de transport sur le blé, ne fût-ce que de 0 fr.25 par hectolitre. Du coup la meunerie se relèverait, sur bien des points. Avec le blé, le vin. Chacun connaît les crus de la vallée de la Loire, ces vins blancs légers que Saumur champanise et champaniserait encore plus s’ils lui arrivaient à bon marché. Les fabricans de Reims, déjà consommateurs de vins de Loire, en feraient aussi une plus large demande.

Sans entrer dans l’énumération des cultures diverses et prospères de la vallée (lin, chanvre, etc.), rappelons que c’est un paradis pour les maraîchers. Le marché anglais leur est ouvert, d’un côté ; celui de Paris, de l’autre. Dans la Loire-Inférieure, un syndicat exporte déjà à Londres ; il attirerait à lui les produits des départemens voisins ; Paris ferait de même, par Orléans. Avec ce double appel, que ne deviendrait pas cette culture rémunératrice !

Les expéditions de l’agriculture ne sont pas seules en question. Elle fait venir des semences, des outils, des machines, et cela de plus en plus dans l’ouest, grâce à ses syndicats prospères. Elle consomme une énorme quantité d’amendemens et d’engrais. Sologne, Bretagne, Vendée, Maine ont des sols incomplets que le transport économique d’amendemens transformerait, et les nitrates du Chili, les phosphates d’Algérie donneraient une production intense. Méditons ceci : en réduisant nos achats de blé de 5 millions d’hectolitres, à 20 francs, nous retrouverions en un an le prix d’un canal latéral, et du canal latéral dépend l’accroissement de production d’une dizaine de départemens !

Enfin, presque tous les terrains primaires et primitifs de la région de la Loire se prêtent à l’élevage du bœuf, du cheval ; la Sologne, le Berry à celui du mouton ; nouvel élément de fret à la fois par les animaux et par leurs produits : fait, beurre, fromage, peaux, laines et crins, cornes et os.

La région de la Loire moyenne et inférieure est un pays d’agriculture et d’élevage ; mais Nantes est une ville industrielle ; Tours, Orléans et bien des villes situées sur les affluens le sont aussi. A part Nantes, qu’alimente la houille anglaise, presque toutes ces villes ont perdu leur activité ; le combustible à bas prix la leur rendrait. Ici, on ne peut donner de chiffres ; mais il est impossible qu’une région riche en minéraux, en bois, en