Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/667

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le programme de travaux publics que le Parlement a voté : la loi du 5 août 1879 (art. 3, n° XXV) comprend la construction d’un « canal latéral à la Loire, d’Orléans à Nantes[1]. » Le tableau annexé spécifie que le canal partira de Combleux.

Évidemment on peut ne considérer de la loi que son but, et canaliser le fleuve, au lieu de creuser un canal latéral. Mais les riverains sont dans leur droit, quand ils déclarent la France engagée d’honneur à leur donner une voie navigable, quelle qu’elle soit. Quelques villes pourront protester, bouder ; elles auraient tort de ne pas s’associer au mouvement. La prospérité de la vallée de la Loire tout entière est en jeu. Certaines villes gagneront beaucoup, d’autres bien moins, peut-être rien. Même alors, quel avantage auraient-elles à empêcher les travaux ? Nuire à leurs voisines ? Ce serait misérable. Ne voyons-nous pas au contraire Saint-Nazaire même, si atteint par le canal de la Basse-Loire, s’associer à ses créateurs, les Nantais, pour réclamer l’amélioration de la Loire ?


V

De tels rapprochemens ne s’expliquent que si les bénéfices sont assurés. Personne n’en doute.

Les ressources minérales de cette région sont considérables. Le bassin de la Mayenne et de la Sarthe, qui se prolonge en Maine-et-Loire, donne par an 145 000 tonnes d’anthracite et de houille grasse et maigre ; le bassin vendéen, presque inexploité encore, pourrait fournir à l’industrie locale un appoint très sérieux. Mais la Loire navigable ouvrirait un débouché considérable aux houillères de la Nièvre, de l’Allier, de Saône-et-Loire ; leurs produits descendent aujourd’hui jusqu’à Tours environ[2]. Là, arrivent les houilles anglaises. Les départemens de Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Indre-et-Loire consommaient, en 1893, 1 041 000 tonnes, dont 812 000 d’importation anglaise. Même si l’on ne pouvait arracher la Loire-Inférieure aux Anglais, les autres départemens offriraient encore

  1. La même loi prévoit la construction d’un canal entre la Charente et la Loire et la jonction de la Loire au Rhône par Saint-Étienne, en prolongeant en amont le canal latéral.
  2. En 1893, tonnage des combustibles minéraux, entre Briare et la Vienne : 1 705 tonnes en descente uniquement. Entre la Vienne et la Maine, 2 116 tonnes à la remonte seulement.