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compétent pour juger soit leurs fautes, soit leurs différends professionnels.

On peut ranger les fautes commises par les médecins dans quatre classes : les actes criminels ; les infractions aux lois concernant l’exercice de la médecine ; les erreurs médicales ; les fautes concernant l’honorabilité médicale.

Pour les actes criminels, tout le monde est d’accord : le médecin qui a commis un vol, un avortement, un viol, doit être déféré aux tribunaux compétens.

Pour ce qui est des infractions aux lois concernant le secret médical, les déclarations de naissance, les inhumations, de même que pour les erreurs de diagnostic, de posologie et pour les faits de déontologie et d’honorabilité médicale, les médecins ont à maintes reprises demandé à être jugés par un conseil de médecins.

En 1845 , les médecins de France tinrent un congrès, et les efforts des congressistes aboutirent au dépôt fait par Salvandy, en 1847, d’un projet de loi qui fut voté par la Chambre des députés. Cette loi devait être présentée à la Chambre des Pairs, en mars 1848, mais la révolution de Février, qui amena la chute du gouvernement, fit tomber ce projet de loi dans l’oubli.

Plus tard, le docteur Surmay, de Ham, proposa qu’il fût créé un ordre des médecins, analogue à l’ordre des avocats. Cette proposition, inspirée par les raisons les plus honorables, me semble impossible à réaliser. En effet, il n’y a aucune ressemblance dans l’exercice de ces deux professions. Le gouvernement confère le titre de licencié ou de docteur en droit ainsi que celui de docteur en médecine, et il y a bien identité sur ce point ; mais, en choisissant la carrière d’avocat, le licencié ou le docteur en droit prend une des voies spéciales ouvertes par son grade. Le titre conféré par l’État est irrévocable ; mais les avocats, lors de leur inscription au barreau, sont avertis que, s’ils commettent quelque infraction aux règles de l’ordre, ils seront appelés devant le conseil, et, suivant la gravité du cas, seront frappés, soit d’un blâme, soit d’une suspension, soit de la radiation. C’est là le fait révocable. De plus, un avocat, pour plaider, est obligé de se présenter à la barre du tribunal ; s’il donne des consultations dans son cabinet, il y a des actes signés de son nom ; comme la magistrature accepte et fait exécuter les décisions du conseil de l’ordre