Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/538

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nationale. Les Slovènes du versant méridional des Carpathes, les Roumains de Transylvanie, — pour employer l’expression adoptée, — les Croates, et les Serbes des bords de la Drave et de la Save ne sont pas enchantés de la domination magyare, et le font entendre. Mais la question n’est pas parlementairement posée ; il n’y a plus de Diète de Transylvanie, depuis l’incorporation du Grand-Duché ou de la Grande-Principauté au royaume de Saint-Étienne ; et, s’il y a, à Agram, une Diète croate, qui est pour les Slaves du Sud un parlement national ; si, d’autre part, cette Diète de Croatie-Slavonie a sa représentation dans les Chambres hongroises ; si enfin, chez eux, à Agram, ils font à la Hongrie une opposition implacable, cette opposition, ils se gardent sagement de la transporter à Budapest, au Parlement hongrois, en plein milieu magyar.

A la Chambre hongroise, les partis sont donc des partis politiques, plus que des partis nationaux, encore qu’il y ait dans cette Chambre un parti dit de l’indépendance, et un parti dit national : ces mots « de l’indépendance » et « national » ne doivent s’entendre que par rapport à l’Autriche, non comme l’affirmation de la nationalité magyare en face des autres nationalités de la Hongrie ; ils n’ont de signification que vis-à-vis de l’Autriche. Les partis ne se classent pas, à la Chambre hongroise, en parti magyar, parti croate, parti roumain, mais en parti de l’indépendance, ou de 1848, assez improprement qualifié d’extrême gauche ; parti catholique du peuple : parti national, et parti libéral. Et s’ils ne conçoivent pas tous de la même manière l’union du royaume de Hongrie avec l’empire d’Autriche, si les uns la veulent réelle, avec des affaires communes, les autres seulement personnelle, avec le souverain commun, il n’y a, en leur conception de l’union austro-hongroise, que des différences de degré ; leur caractéristique, dans le moment présent, est qu’aucun d’eux ne veut la séparation totale de l’Autriche et de la Hongrie, ou tout au moins qu’aucun ne veut la séparation de la Hongrie et de la dynastie de Habsbourg.

En somme, quatre partis principaux, qui sont des partis politiques. Le parti libéral est au gouvernement. Nous ne nous chargerions pas de donner, en langage occidental, la définition de son « libéralisme ». Le baron Bánffy, qui préside le cabinet, passe pour aimer assez à écraser ses adversaires ; et justement ce pour quoi, tout le mois de juillet, on le combattait par l’obstruction,