marque de facture du terrible chancelier. Le prince de Bismarck, y est-il dit, s’est gardé de faire aucune avance à l’Italie pour le renouvellement de l’alliance, parce que la politique italienne cherche toujours à s’assurer les plus grands avantages en retour des plus petits services, et que, si l’Allemagne avait paru attacher trop de valeur à son alliance, l’Italie aurait émis tout aussitôt des prétentions exagérées. — On voit que, si le comte de Robilant a voulu jouer au plus fin avec le prince de Bismarck, il avait affaire à un homme averti, et qui savait pratiquer lui-même toutes les finesses du marchandage. — Mais, au fond, dit le journal allemand, le prince de Bismarck attachait une grande valeur à l’adhésion de l’Italie à la Triple Alliance, pour des motifs à la fois politiques et militaires. D’abord, cette adhésion maintenait jusqu’à un certain point l’Italie en dehors de l’influence française. Ensuite, si sa coopération militaire ne pouvait apporter que peu d’appui à l’Allemagne au nord des Alpes, elle permettait à l’Autriche de consacrer toutes ses forces à la cause commune, au lieu d’en détacher une partie pour surveiller la frontière italienne. L’auteur de l’article affirme avoir entendu souvent M. de Bismarck, depuis sa retraite, s’exprimer comme il suit : « Si l’Italie, pour des raisons d’ordre financier, cédait à la tentation de mener une existence facile aux dépens de la Triple Alliance, il faudrait la laisser faire. Même une Italie diminuée en force, et ne faisant que ce qu’elle est capable de faire, rendrait service à la Triple Alliance pour les raisons mentionnées ci-dessus. » On ne sera peut-être pas très flatté à Rome de cette explication de M. de Bismarck. Depuis que le vieux chancelier a quitté les affaires, ou que les affaires l’ont quitté, il a révélé avec une précieuse abondance quelques-uns des secrets de son ancien métier ; mais il l’a rarement fait avec une aussi libre désinvolture, ni avec une plus parfaite indifférence de ce qu’on en pourra penser. Comment dire plus nettement à l’Italie que le prix qu’on attache à son alliance ne vient pas de la force dont elle dispose ? mais n’est-ce pas un raffinement inutile d’ajouter, comme le fait le journal de M. de Bismarck, que le prix ne changerait pas d’une manière appréciable, quand même l’Italie n’aurait pas de force du tout ? « Même en ne faisant que ce qu’elle est capable de faire », même en faisant moins encore, elle remplirait le rôle que le prince de Bismarck lui assigne dans l’alliance, car ce rôle consiste à laisser l’Autriche tranquille, à lui donner à cet égard pleine sécurité, et à lui permettre de tourner toutes ses forces dans une autre direction, c’est-à-dire, éventuellement, contre la Russie. Il est impossible de mieux déterminer le caractère négatif de l’Italie dans la Triple Alliance : personne autre
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