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essaime dans le monde, son industrie qui grandit chaque jour, l’Allemagne a bien des élémens de force financière. Le rapide progrès des assurances sur la vie, qui s’étendent maintenant chez elle à un capital d’environ 8 milliards de francs, en est une preuve entre mille. Seules, la Nationale et la Compagnie d’assurances générales en France ont encore dans l’Europe continentale un portefeuille supérieur à celui de la Alte Leipziger (l’Ancienne Leipzigeoise) fondée en 1830, et de la Lebens Venicherungs und Ersparniss Bank (banque d’assurance sur la vie et d’épargne) fondée en 1854 à Stuttgart. Chacune de ces deux dernières a vu en août 1897 son portefeuille dépasser un demi-milliard de marks. Ce chiffre est atteint également par les deux compagnies Gotha et Germania-Stettin. L’augmentation proportionnelle est infiniment plus forte en Allemagne qu’en France ; en voici le tableau pour 1896 :


Désignation des Compagnies Stuttgart 7,43 p. 100. Allemagne
Leipzig 5,59 — «
Germania-Stettin 4,41 — «
Gotha 2,68 — «
La Nationale 0,22 — France
Assurances générales 0,23 — «

En Angleterre, l’ensemble des capitaux assurés est double de ce qu’il est en Allemagne. Mais deux compagnies seulement dépassent les chiffres des compagnies allemandes : la Prudential à Londres, avec plus d’un milliard de marks, et le Scottish widow’s fund à Edimbourg.

L’Allemagne est encore dans la période où ses capitaux peuvent trouver des emplois nombreux et féconds dans des entreprises indigènes : mais son épargne croît en même temps, et de grandes fortunes commerciales et industrielles, là comme ailleurs, amènent une recherche de placemens variés, parmi lesquels ceux en fonds étrangers ne peuvent pas ne pas prendre rang. Les bourses allemandes, celle de Berlin en particulier, seraient donc naturellement désignées pour être de vastes marchés internationaux de valeurs mobilières. Nous avons expliqué ce qui les empêche de prendre l’essor complet dont elles seraient susceptibles. L’hostilité du parti agrarien vis-à-vis de tout ce qui est finance leur nuira pendant quelque temps encore : mais elle ne saurait empêcher les banques de porter leur activité au