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actuelle. Il n’est pour ainsi dire pas de jour où ne se lisent, à la quatrième page des journaux, des prospectus d’affaires nouvelles ; presque toutes sont des émissions de titres de sociétés industrielles, que le public arrache aux banquiers. Les actions des fours à coke de la Haute-Silésie, émises en mai dernier à 162, s’établissent aussitôt à 175. Celles de la fabrique de ciment de Karlstadt, émises à 127, sont demandées de tant de côtés que le premier cours inscrit à la cote est de 142. Celles de la fabrique d’accumulateurs Pollak sont arrachées aux vendeurs à 155, bien qu’elles n’aient encore donné qu’un dividende de 6 pour 100. Celles de la Brasserie Germania se cotent 133, avec un dividende de 7 pour 100. Sans entrer dans d’autres détails sur la façon dont le public accueille les affaires nouvelles, il est instructif d’en énumérer quelques-unes, prises au hasard dans les derniers mois ; les titres seuls indiquent l’activité financière dont nous cherchons à donner une idée à nos lecteurs : Charbonnages de l’Étoile du Nord à Essen, nouvelle série d’actions de la Société générale d’électricité pour 12 millions et demi de francs, 100 millions de lettres de gage 3 et demi de la Banque hypothécaire bavaroise, 7 millions et demi d’actions nouvelles de la Banque de crédit de l’Allemagne Centrale, 20 millions d’obligations 4 et demi de la Société de naphte Nobel, 6 millions d’actions nouvelles de la Société d’électricité Schukert à Nuremberg, 20 millions d’actions de la Société continentale d’entreprises électriques dans la même ville, 15 millions d’actions des fabriques de coke et de produits chimiques de la Haute-Silésie ; un emprunt des filatures et tissages Kulmann à Mulhouse. 12 millions et demi d’actions nouvelles de la banque de Berget Mark, un emprunt de la compagnie de construction et d’exploitation de chemins de fer aériens et souterrains à Berlin, une brasserie à Dortmund. Nous pourrions continuer pendant plusieurs pages cette énumération de prospectus, au bas desquels se trouvent et se retrouvent les signatures de la plupart des banques et des banquiers allemands.

Nous sommes loin de croire et de dire que tout soit à louer dans ce mouvement violent. Les observateurs de sang-froid, de l’autre côté du Rhin, commencent à trouver que le public s’échauffe au delà de ce qui est raisonnable, et lui rappellent que, plus d’une fois déjà, la hausse excessive des valeurs industrielles, objet de prédilection de la spéculation germanique, a été suivie d’une réaction violente. Les enthousiastes répondent que les bénéfices connus