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de 850 millions et 600 millions d’avances et reports. Mais l’importance même de leur capital les amène à ne pas se borner aux opérations d’escompte et d’avance. Cette tendance est surtout notable chez les six banques maîtresses d’Allemagne, la Société d’escompte, la Deutsche Bank, la Banque de Dresde, la Société de commerce, la Banque de Darmstadt, la Banque nationale : leurs dépôts proprement dits ne s’élèvent qu’à 300 millions de francs, soit la moitié de leur capital actions. Cinq grandes banques anglaises, comparables comme importance, ont, au contraire, avec un capital versé d’environ 250 millions, des dépôts qui s’élèvent à 3 milliards, soit douze fois le capital. Un écart annuel de 1 pour 100 entre les intérêts bonifiés aux déposans et les intérêts perçus par les banquiers anglais représentera 30 millions de francs, soit 12 pour 100 sur le capital de 250 millions. On conçoit dès lors que celui-ci puisse être beaucoup plus aisément rémunéré à Londres par des emplois de banque ordinaire, tandis qu’à Berlin les établissemens cumulent le rôle de banque et celui d’association financière : cette double destination les amène à avoir des capitaux beaucoup plus forts, dont elles ont besoin pour prendre les emprunts ou souscrire aux actions de sociétés, tandis que chez les Joint stock banks anglaises le capital n’est guère qu’un capital de garantie[1].

Les banques allemandes participent à la fois du caractère des banques de dépôts anglaises et de celui des associations financières françaises qui, en dépit du nom qu’elles portent, consacrent la plus grande partie de leur activité à des opérations autres que celles de la banque pure. Elles ont donc, pour employer l’expression vulgaire, deux cordes à leur arc au lieu d’une, ce qui explique déjà en partie le chiffre élevé de leurs bénéfices, si on le compare à celui de nos établissemens de crédit.

Ainsi que nous l’avons expliqué, en parlant de la nouvelle législation boursière allemande, l’un des effets principaux en a été de concentrer les affaires dans les grandes banques, qui emploient une partie de leurs capitaux à régler, pour le compte de leur clientèle, au comptant, les opérations que celle-ci n’a plus le droit de faire à terme, et pour lesquelles elle n’a pas elle-même la totalité des ressources nécessaires. D’autre part, les émissions ont rarement été aussi fréquentes en Allemagne, que depuis le début de l’année

  1. Voyez, dans la Revue du 1er août 1893, notre article sur la Banque et la Spéculation.