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une législation nouvelle qui rouvre les marchés si imprudemment fermés. A l’heure actuelle, mille difficultés entourent déjà la vente des produits indigènes et ne servent qu’à faire apprécier la facilité avec laquelle une simple dépêche expédiée à New-York ou à Chicago peut y acheter des millions de quintaux. Voilà le résultat le plus clair obtenu jusqu’ici par les agrariens : mise en évidence du contraste entre le commerce national, garrotté de mille manières, et le commerce extérieur qui, grâce à la liberté dont il jouit, tend de plus en plus à approvisionner le pays.

Un député libéral, M. Barth, avait annoncé à la tribune, lors de la discussion de la loi, qu’il combattait, qu’avant cinq années écoulées, les députés conservateurs viendraient, à genoux, demander au Parlement de se déjuger et de révoquer une législation ardemment réclamée par eux. Il ne s’est trompé qu’en fixant un délai trop long : sa prophétie pourrait bien se réaliser avant la fin du siècle. Plus d’un hobereau sent déjà sa réélection compromise, et n’a rien à répondre aux plaintes des paysans, ses électeurs, qui ne savent plus comment diriger et contrôler leurs ventes. Au contraire, les négocians, les intermédiaires contre qui les flèches de la loi étaient dirigées, réalisent des bénéfices bien plus considérables qu’autrefois : c’est eux qui dictent les prix, qu’aucune cote n’est plus là pour régulariser.

L’épilogue de l’interdiction des ventes de céréales à livrer en Allemagne vient d’ailleurs de nous être fourni par les Anglais. Afin de combler la lacune créée dans les transactions internationales par cette suppression, ils ont, à côté du marché à terme de Liverpool, qui n’a jamais cessé de fonctionner, rouvert celui de Londres.


III

L’histoire d’une banque allemande nous a paru intéressante à retracer : nous avons choisi la société particulière par actions qui porte le nom de Deutsche Bank (Banque allemande) parce que sa fondation remonte à 1870, peu de mois avant la guerre franco-allemande, et que les étapes diverses de son développement marquent celles des progrès financiers du pays durant cette période.

Fondée d’abord au capital de 15 millions de reichsmarks[1]

  1. Le reichsmark ou mark vaut 1 fr. 25 environ.