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développement vertigineux de la capitale a eu, ici comme ailleurs, son effet inévitable ; la centralisation des grandes affaires à Berlin y a suivi la centralisation gouvernementale. En même temps, les grandes sociétés anonymes par actions se sont de plus en plus substituées aux banquiers particuliers qui, il y a un demi-siècle, étaient investis d’une sorte de monopole pour la conclusion des emprunts d’État et autres transactions financières. Les conseils de direction et d’administration des sociétés de crédit attirent de plus en plus à eux les forces vives du monde de la banque ; ces organismes, à la fois vastes et délicats, se plient aux détails du service de la petite clientèle, et sont aptes en même temps à signer avec les gouvernemens des contrats d’emprunts ou d’entreprises pour des centaines de millions.

Francfort, déchue de son ancienne prépondérance, n’en reste pas moins un grand marché. Si quelques-unes des maisons qui faisaient jadis sa force ont disparu, il en subsiste une quantité assez notable ; de nombreux capitalistes vivent dans la riante cité, dont les mœurs et le caractère n’ont rien de la raideur brandebourgeoise ou poméranienne, et y maintiennent une atmosphère de richesse. Francfort est une bourse de placement plus que de spéculation : c’est ce que démontre à première vue l’examen de sa cote, qui se distingue par la longueur des chapitres obligations : celui des chemins de fer étrangers, dont les États-Unis d’Amérique fournissent à eux seuls la moitié, est plus développé qu’à Berlin, et atteste à la fois le souci des Francfortois pour l’emploi de leurs épargnes et le chiffre considérable des capitaux ainsi placés.

La bourse de Hambourg est, comme il convient à la vieille ville hanséatique, au port qui commerçait et commerce avec les cinq parties du monde, avant tout une bourse de changes. Il lui faut en effet fournir à ses négocians, à ses armateurs, les traites sur les autres places dont ils ont besoin, et être en même temps prête à réaliser pour leur compte les créances dont ils sont titulaires sur l’étranger. Cependant nous voyons figurer à cette cote nombre de valeurs allemandes et étrangères : parmi ces dernières, beaucoup de valeurs Scandinaves, et aussi un certain nombre de titres coloniaux, dont la présence s’explique aisément par le développement du port de Hambourg et de ses relations maritimes. Parmi les actions de compagnies de navigation, nous relevons celles des compagnies asiatique, chinoise, australo-allemande, du