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vu se développer le marché de ses propres valeurs industrielles : ses fonds publics indigènes, tout en ayant atteint un niveau satisfaisant, ne donnent pas lieu à des transactions aussi importantes que les consolidés anglais ou les rentes françaises. Cela tient à diverses causes, dont la plus heureuse pour le pays est le chiffre relativement faible de sa dette. La dette à intérêt de l’Empire proprement dit ne dépasse guère deux milliards et demi de francs. Celle de la Prusse est plus élevée, mais est à peu près intégralement représentée par les vingt mille kilomètres de chemins de fer que des émissions de rente successives ont servi à racheter et qui constituent un véritable actif national ; cet actif n’est pas un capital stérile, mais fournil des revenus nets, au moyen desquels le royaume]]aie les coupons de ses obligations : ce n’est donc pas l’impôt qui est appelé à fournir ces derniers.

D’autre part, le marché des fonds et valeurs étrangers n’a pas atteint en Allemagne l’ampleur qu’il a en France et surtout en Angleterre. L’épargne accumulée n’y a pas encore la même importance que dans ces deux pays ; elle trouve de plus des occasions fréquentes de s’employer avec fruit à des entreprises indigènes. In tableau sommaire des cotes des principaux centres allemands sera la leçon de choses la plus simple et la plus éloquente : elle donnera à nos lecteurs une idée des objets auxquels s’applique l’activité financière de nos voisins. Nous y ajouterons un résumé de la législation nouvelle qui régit leurs bourses. Nous le ferons suivre d’une courte monographie d’une des banques privées les plus considérables de Berlin. Un esquisse de la marche des autres banques dans les dernières années achèvera de peindre le puissant mouvement, dont se dégage un enseignement qu’il n’est que trop aisé de comprendre et de commenter.


I

La cote de Berlin présente déjà un développement respectable : près de 1 300 valeurs y figurent, lui donnant ainsi une dimension égale à la moitié de celle de Londres, et à plus d’une fois et demie celle de Paris. Les principales divisions sont les suivantes : en tête, les cours du change sur la Hollande, la Belgique, la Scandinavie, le Portugal, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique, la France, la Hongrie, l’Autriche, la Suisse, l’Italie et la Russie ; puis les cours des monnaies, billets de banque et